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VIRGILE AU MOYEN AGE

Virgilio nel medio evo, per Domenico Comparetti.

Voici un ouvrage qui prouve une fois de plus qu’il n’y a pas de sujet épuisé, ni d’écrivain tout à fait connu. En est-il un qui ait été plus souvent étudié que Virgile, et dont il semble plus inutile qu’on vienne aujourd’hui nous entretenir? Est-il possible qu’à propos d’un auteur qu’on lit et qu’on explique depuis tant de siècles il reste quelque chose à dire, et qui pouvait croire que dans un domaine tant de fois exploré on trouverait encore à faire quelques découvertes?

C’est ce qui vient pourtant d’arriver; M. Comparetti nous a montré que sur Virgile même on pouvait apprendre des choses nouvelles. Sa vie et ses œuvres ont de tout temps attiré l’attention de la critique; on a travaillé à donner de bonnes éditions de ses poésies, on a pris soin de recueillir tout ce que disaient de lui les écrivains de l’antiquité, de savans ouvrages nous ont fait connaître en quelle estime il était de son temps et comment le jugeaient les contemporains ; mais on s’était moins occupé de savoir ce qui arriva de sa réputation après sa mort. Il y a là cependant un sujet curieux d’étude et qui réserve de grandes surprises à ceux qui ont le courage de l’entreprendre. La renommée dont Virgile a joui pendant le moyen âge ne ressemble en rien à celle des autres écrivains, ses confrères. Il n’a pas seulement dépassé les plus grands dans l’estime publique, ce qui à la rigueur pouvait se comprendre, mais il a reçu entre tous une place particulière : on ne s’est pas contenté de le regarder comme le premier des poètes, on l’a pris pour une sorte de savant universel, à qui rien n’échappe dans la nature et