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ELEONORE DE ROYE
PRINCESSE DE CONDE

Eléonore de Roye (1535-1564), par M. le comte Jules Delaborde, Paris 1876.


I.

Les doctrines de la réforme gagnèrent d’abord en France les personnes de la plus haute naissance. Que les grands lettrés s’y fussent laissé entraîner, on le comprend aisément ; on s’explique moins bien que les plus grandes dames aient quitté l’ancienne religion où elles avaient été nourries : si les plus vertueuses furent parmi les mieux disposées à écouter les austères leçons de Calvin, c’est qu’elles y voyaient sans doute une défense contre la corruption d’un temps impudique et cruel. L’esprit d’opposition au XVIe siècle était à la fois aristocratique et religieux, et par là s’explique la trempe admirable de ces natures chez lesquelles la primauté que donne le sang, la primauté matérielle, était accompagnée de la primauté morale, de celle que conquièrent les âmes qui veulent se vaincre, se réformer, se posséder pleinement et qui tendent toujours, à travers les accidens de la vie humaine, à la conquête d’un bien éternel.

Nous trouvons, parmi les premières femmes qui furent troublées et séduites par la nouvelle foi, des princesses du sang, Marguerite de Valois, reine de Navarre, Renée de France, duchesse de Ferrare, noms bien connus de tous ceux qui aiment les lettres françaises. Non inferiora secutus était la devise de Marguerite de Valois. L’histoire