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en France jusqu’à un millier de francs. Dans les pineraies créées de main d’homme, par semis surtout, l’état serré et l’uniformité du jeune massif exigent des éclaircies plus hâtives, plus difficiles, des dépressages réitérés, indispensables, mais souvent dangereux pour les tiges effilées du gaulis.

A partir de l’âge de quarante ans, le perchis de pin, réduit peut-être à un millier de tiges d’un volume de 200 mètres cubes à l’hectare, entre dans une phase nouvelle. Jusqu’alors le bois produit n’était que de l’aubier; dorénavant il se forme chaque année du bois parfait. L’épaisseur de l’accroissement annuel des arbres et la production du massif diminuent ; le feuillage se raréfie, le sol se dessèche ou se laisse envahir par une végétation inférieure. Le traitement à pratiquer dès lors varie suivant les cas. Si les pineraies sont destinées à produire de gros arbres, comme elles doivent l’être en général dans nos montagnes, les éclaircies seront continuées hardiment et répétées fréquemment; elles pourront donner en somme autant de bois que les produits principaux du massif exploité à l’âge de cent vingt, cent cinquante ou cent quatre-vingts ans. Elles devront respecter la végétation arbustive ou arborescente, très diverse avec les régions, qui se produira sous les pins; celle-ci couvre le sol, y maintient la fraîcheur et attire les oiseaux qui font la guerre aux insectes, les plus grands ennemis des pins.

Au cas où la pineraie n’est que transitoire, ayant pour objet principal de reconquérir le sol à la forêt, de le rendre à des essences plus précieuses, chêne, hêtre ou sapin, les éclaircies favoriseront le retour de ces essences en sous-étage à l’abri protecteur des pins. Les graines apportées par le vent, par les oiseaux ou semées par l’homme, trouveront là un milieu favorable au premier développement. Puis, le semis de chêne ou de sapin une fois complet, les éclaircies isoleront entièrement les pins et enfin les enlèveront, suivant le besoin de la forêt reconstituée, rapidement sur des chênes, insensiblement sur des sapins. Tel est, en beaucoup de cas, le plus sûr moyen de rétablir les forêts détruites, à peu de frais, aussi rapidement que possible, en obtenant d’abondans produits. Il en est ainsi à Fontainebleau et à Ermenonville. Dans cette dernière forêt, où les exploitations en taillis et les lapins ont fait disparaître le chêne sur de grandes étendues, les pins sylvestres présentent à l’âge de cinquante ans, sur chaque hectare, huit cents tiges d’une valeur de 5,000 francs.

Quand le résultat cherché à l’aide des plantations de pins est simplement de mettre le sol en valeur, on peut être conduit, en vue du placement des capitaux, à exploiter à un âge peu avancé pour livrer ensuite le sol à la culture agricole ou même pour y produire à nouveau du pin. Au premier cas, il convient d’exploiter au plus