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visiter les établissement situés dans les quartiers qu’ils représentent. Chacun aurait pu rendre un pareil témoignage, et en maintenant les subventions qu’il a rayées, le conseil municipal aurait fait de ses fonds disponibles un emploi beaucoup plus judicieux qu’en les attribuant, à la soi-disant société de bienfaisance présidée par M. Greppo.

Un asile pour les jeunes filles incurables a été également fondé à Neuilly, avenue du Roule no 30, qui est, à quelque différence près, le pendant de l’asile de la rue Lecourbe. Cet asile n’a pas eu les débuts pénibles et difficiles de la maison des frères de Saint-Jean-de-Dieu ; il a été ouvert en 1853 sous le patronage efficace de Mme la princesse Mathilde et avec le concours de personnages éminens qui en sont demeurés les protecteurs. Mais le véritable fondateur de l’œuvre a été un homme de bien, M. l’abbé Moret, qui y avait consacré sa vie et qui y est mort, lui-même âgé et infirme, il y a deux ans. La maison, récemment construite à nouveaux est un bel établissement, très judicieusement aménagé, avec des dortoirs spacieux, des ateliers bien aérés, communiquant entre eux par des galeries extérieures qui donnent à la cour l’aspect d’un cloître. On peut y recevoir 300 pensionnaires ; l’établissement n’en contient aujourd’hui que 240. On admet des jeunes filles de six à vingt-deux ans, quelques-unes moyennant pension, le plus grand nombre gratuitement ; mais il n’y a pas d’âge réglementaire de sortie, et les pensionnaires une fois admises peuvent y demeurer le reste de leur vie. Cette clause des statuts que je n’entends pas critiquer, limite à 20 ou 30 par année le nombre des admissions nouvelles et aura pour résultat de transformer dans un temps donné le caractère de la maison en en faisant plutôt un hospice d’adultes. Il est vrai que ce personnel des infirmes se renouvelle vite et n’atteint guère la vieillesse. On voit, assises dans des chaises roulantes, affaissées sur elles-mêmes, les cheveux gris, le visage flétri, des femmes qui n’ont pas trente-cinq ans. Cependant, par une compensation singulière, les maladies aiguës sont très rares dans cet asile comme dans celui de la rue Lecourbe : l’infirmerie y est presque vide. La maison qui a été reconnue d’utilité publique, vit sur le revenu de legs qu’elle a reçus et sur le produit du travail, qui se compose d’articles de couture, d’ouvrages au crochet et de fleurs artificielles livrées aux magasins de mode. La maison est tenue par des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul et paraît sous une direction intelligente.

Si larges que soient dans leurs admissions les deux maisons dont je viens de parler, il y a cependant certaines catégories d’enfans infirmes devant lesquelles leurs portes ne s’ouvrent point : ce sont