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45e degré au 38e degré, contenant des palmiers, des bambous, des fougères et des orchidées.

Au détroit de Magellan, les neiges éternelles, en raison de la basse température de l’été, se trouvent à 1,100 et 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer, phénomène qui ne se produit en Norvège que par 67 et 70 degrés. Toute la côte du Pacifique, lorsque l’on sort du détroit, laisse voir des fleuves de glace dans des vallées qui ne s’élèvent qu’à 1,000 mètres. Sous une latitude égale à celle de Paris, il existe d’immenses glaciers dans un lieu où la montagne la plus élevée ne dépasse pas 2,000 mètres. Enfin, pour fixer les idées, le glacier le plus éloigné du pôle qui s’avance dans la mer est situé dans l’hémisphère sud par 46 degrés et dans l’hémisphère nord par 67 degrés, et dans ce même hémisphère sud ces glaciers n’existent qu’à l’ouest des Andes, et la glace est inconnue à l’est.

L’étroitesse du continent et l’influence qu’y exercent forcément les grandes masses d’eau de l’Océan et les courans chauds donnent naissance à ces étonnans phénomènes de température, si différens de ceux qui se produisent sur les vastes continens de l’hémisphère boréal, où la radiation d’une grande surface de terre dans une atmosphère très claire contribue principalement à rendre l’hiver très froid. Dans la partie de l’hémisphère austral dont nous nous occupons, les courans chauds de l’Océan empêchent la température de descendre beaucoup en hiver, et le ciel reste le plus souvent nuageux; les rayons du soleil ne peuvent ainsi réchauffer d’une façon excessive la surface de la terre ou de l’Océan; il en résulte que la moyenne de la température est fort basse, mais que la température ordinaire ne subit ni grande élévation ni grand abaissement, ce qui permet de vivre aux animaux et aux plantes des tropiques, auxquelles une température très élevée est moins nécessaire qu’une protection continue contre le grand froid.

Tels sont les aspects purement physiques sous lesquels se présente le territoire pampéen. Cette région, en dehors de la partie aujourd’hui peuplée par les Européens, est aussi pauvre qu’elle est vaste, les abords en sont aussi faciles que la colonisation en est pénible. Il nous a semblé utile de considérer la superficie actuelle des terrains pampéens et patagoniens, avant de suivre dans les investigations souterraines les savans qui se sont attachés à l’étude de la formation de ce continent et à la description de ses aspects et de ses habitans préhistoriques.


II. — LES FOSSILES ET LE DÉPÔT DILUVIEN.

De tous les grands dépôts sablonneux répartis sur la surface du globe, le dépôt pampéen est un des plus vastes et des plus mal