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connus, celui sur l’origine duquel les opinions sont le plus divisées. Parmi les géologues, les uns l’attribuent à l’époque géologique la plus récente, d’autres à la formation post-pliocène, c’est-à-dire la dernière de la période tertiaire. De grands ouvrages justement célèbres ont été publiés sur cette matière; ceux de Darwin et de D’Orbigny, déjà anciens, ont été rectifiés et complétés par les études de M. Bravard en 1856, et enfin dans ces dernières années par celles du savant directeur du musée de Buenos-Ayres, M. Burmeister, fort connu dans la science par sa remarquable Histoire de la création.

Les perforations faites à Buenos-Ayres ont démontré que le sous-sol de cette ville est composé de cinq couches superposées : la première superficielle et peu épaisse, formée d’alluvions modernes, la seconde diluvienne, les deux suivantes tertiaires, et la cinquième sédimentaire, formée de roches métamorphiques. Les observations faites sur ce point peuvent donner une idée générale du terrain pampéen, d’autant plus exacte que dans toute son étendue les couches sont uniformes et se présentent à peu près partout dans le même ordre, avec des différences d’épaisseur : la couche d’alluvions est la plus variable, et disparaît même tout à fait dans la partie occidentale la plus rapprochée des Andes, où le sol est couvert, comme nous l’avons vu, de gros cailloux déposés par les courans d’eau qui descendaient autrefois de la montagne, et où l’absence d’humidité ne permet à aucune plante même herbacée de se développer. Au sud du 40e degré, depuis une ligne de petites collines que l’on appelle Sierra de la Ventana (chaîne de la fenêtre), la couche diluvienne disparaît, et le terrain tertiaire se montre à la surface, donnant à toute cette partie un aspect de stérilité absolue qui se conserve dans toute la Patagonie avec les mêmes caractères.

La seconde couche, qui correspond à la diluvienne des anciens géologues, a été proprement dénommée formation pampéenne par D’Orbigny et Darwin; Bravard l’appelait formation post-pliocène ou terrain quaternaire. Quelque nom qu’on lui donne, cette formation est uniforme et s’étend dans tout le territoire pampéen sous la forme d’une couche rouge, rarement jaune, généralement d’une épaisseur de 10 ou 15 mètres, se prolongeant depuis les rives de la Plata jusqu’au pied des Cordillères, et dans ces montagnes jusqu’à une hauteur de 2,000 mètres, toujours composée des mêmes élémens, sable, argile et chaux, absolument mélangés et non pas étendus par couches distinctes. Elle se distingue particulièrement par la présence d’une quantité d’ossemens fossiles de différentes espèces et appartenant dans quelques cas à des animaux d’une taille gigantesque, qui dépasse celle de tous les êtres dont l’existence préhistorique a été constatée jusqu’à ce jour. Ces ossemens