climats, et il en résulte une végétation plus active et une plus chaude coloration.
M. Tisserand constate encore que les principes aromatiques des plantes se développent d’une manière remarquable dans les hautes latitudes. Les légumes, — le céleri, le raifort, l’ail, le persil, le cerfeuil, l’oignon, etc., — ont une saveur d’autant plus forte qu’on s’avance davantage dans le nord, et le voyageur a d’abord quelque peine à s’y habituer. Les cuisiniers de France ou d’Allemagne qui s’établissent à Stockholm ou à Christiania sont obligés de changer totalement leurs habitudes pour tenir compte de ces différences. C’est dans le district d’Alten que se récoltent les graines de cumin les plus odorantes : il s’en exporte plus de 250,000 kilogrammes par an. La lavande et la menthe poivrée de Throntiem sont plus riches en essence que ne le sont les mêmes plantes en Angleterre. Le tabac de Norvège est exceptionnellement fort. On sait que la flore des Alpes est également renommée pour la richesse du parfum ; « elle possède, dit M. de Tschudi, comparée à celle de la plaine, une proportion plus forte de plantes aromatiques, depuis l’auricule jusqu’à la mousse des rochers à odeur de violette. » toutes ces analogies si frappantes entre la flore alpine et la flore scandinave trouvent leur explication, nous l’avons déjà dit, dans les conditions physiques qui, sur les montagnes comme sous les hautes latitudes, augmentent la somme de lumière que les plantes reçoivent pendant l’été.
Il est certain que, même pour nos climats tempérés, une étude approfondie de l’influence que les variations de la lumière exercent sur les récoltes offrirait un très grand intérêt. On a commencé en France des recherches dirigées dans ce sens, et les résultats obtenus jusqu’à présent n’ont fait que confirmer l’importance du rôle que joue la lumière dans les questions climatologiques.
Le directeur-gérant, C. BULOZ.
