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large de 3m,80 à l’entrée, va en se rétrécissant ; les parois sont en surplomb. Cette tranchée, qui a 24 mètres de longueur, est recouverte par des dalles rapportées et le tout surmonté d’un tumulus aujourd’hui bien amoindri. La longueur totale ne mesure pas moins de 54 mètres, » Malheureusement le mobilier funéraire de cette grotte avait été dispersé, et l’on ne put en déterminer l’époque que par la ressemblance qu’elle offrait avec la grotte du Castelet, située dans le voisinage. Celle-ci contenait 60 centimètres de terre et de cailloux roulés, apportés, selon toute apparence, de la vallée du Gardon. Sur ces cailloux étaient déposés les ossemens d’une dizaine d’individus avec des instrumens de silex et de bronze et une coupe en poterie assez fine, pétrie à la main.

Les dolmens ont été longtemps et arbitrairement regardés comme des autels druidiques, terme vague qui, avec les mots « celtique » et « gallo-romain, » répondait à toutes les questions. Depuis qu’on en a rencontré, non plus seulement dans l’Europe occidentale, mais dans toute l’Europe, en Afrique, en Asie, des théories nouvelles ont eu cours. Quelques savans les ont regardés comme des transformations spontanées de l’idée de caverne ; d’autres ont cru reconnaître, d’après leur distribution à la surface de l’ancien continent, les migrations d’une race errante qui, refoulée de l’Asie centrale, aurait suivi la Baltique, s’arrêtant d’abord en Scandinavie, et qui ensuite, chassée des régions du Nord, de l’Irlande et de l’Angleterre, serait arrivée dans la Gaule, puis dans le Portugal et enfin en Afrique. Nous ne pensons pas que les dolmens aient été jusqu’à présent l’objet d’assez nombreuses observations en Afrique et dans toute l’Asie, ni même dans plusieurs parties de l’Europe, pour qu’une théorie quelconque puisse être déjà démontrée.

Ces monumens, auxquels on a donné l’épithète de mégalithiques, appartiennent presque tous à la période de la pierre polie ; un assez grand nombre datent de l’arrivée du bronze. En général, ceux du nord sont les plus anciens, et, si l’on juge de leurs dates relatives par la quantité et la nature des bronzes que l’on en a retirés, leur antiquité va en décroissant du nord au midi. Cela ne prouve pas que les dolmens soient dus à une race descendant lentement des contrées septentrionales : cela indique plutôt que le bronze, apporté des pays méditerranéens, n’a pénétré que peu à peu jusqu’à ceux du nord. Le nombre des dolmens du midi de la France qui ont fourni du bronze est de 147 ; ils sont presque tous situés dans la région des Cévennes, à une médiocre distance de la Méditerranée. Plusieurs dolmens de la Marne et des environs de Neufchâtel en ont aussi donné. Ceux de Bretagne, sauf un très petit nombre qui a fourni un peu de métal, sont généralement de la période néolithique.