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ministère à Madrid, de là la difficulté d’entreprendre et de mener à bonne fin des travaux qui demandent de la suite et du temps. Voici les entrées et les sorties relevées en 1874 :


Produits espagnols sous pavillons espagnols 441,284 piastres
Produits étrangers sons pavillons espagnols 11,614,357 piastres
Produits étrangers sous pavillons étrangers 1,648,613 piastres
Total de l’importation 13,704,254 piastres.
Produits de la colonie par navires espagnols pour l’Espagne. 1,611,677 piastres
Produits de la colonie par navires espagnols pour l’étranger. 5,086,739 piastres
Produits de la colonie par navires étrangers pour l’étranger. 10,605,561 piastres
Total de l’exportation 17,302,077 piastres

Le mouvement total en marchandises a donc été de 31,007,231 piastres, soit en francs 155,036,155, la piastre étant calculée au taux de 5 francs. On voit aussi que l’exportation dépasse l’importation ; de là le taux peu élevé de la piastre, puisqu’au lieu de recevoir de l’argent nous avons à payer l’excédant des exportations. La statistique commerciale de 1867 n’avait donné pour l’exportation et l’importation qu’une somme totale de 19,669,578 piastres ; la différence en faveur de 1874 est de 60 pour cent ; c’est une jolie progression pour les Philippines, où le gros commerce, à l’exception de deux ou trois maisons espagnoles, est malheureusement pour l’Espagne entre les mains d’Européens, d’Américains et de Chinois, très sujets à faillir.

Les eaux-de-vie de luxe, les chaussures, les conserves alimentaires, les instrumens de musique, le papier, les chapeaux et quelques tissus de soie proviennent de France. Les cacaos et les farines sont tirés d’Amérique ; mais c’est l’Angleterre qui à elle seule fournit les fers, la bière et presque tous les tissus de fils et de coton. La valeur des filasses et des fils s’élève à plus de 4 millions de francs, représentant un poids total de 465,000 kilogrammes. Cela semble bien indiquer que les Indiens font des tentatives réelles pour s’affranchir des produits manufacturés de la Grande-Bretagne. La Chine de son côté a fourni en 1874 aux manufactures indigènes 60,000 livres espagnoles de soie en écheveaux.

Les chapeaux, les cafés, l’essence de ylang-ylang, les cigares à bouts coupés, sont les seuls produits d’exportation qui viennent en assez grande quantité en France ; les autres vont presque tous en Angleterre, sauf les tabacs en feuilles, qui sont habituellement dirigés sur Anvers et sur Hambourg. Beaucoup de cigares, auxquels les Anglais donnent le nom de sheroots, ont aussi leur débit aux Indes-Orientales, en Australie et en Californie.

Mais il est d’autres industries fort importantes qui ne figurent pas