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faux que l’islamisme exclut les femmes de la participation à la vie future. « Quiconque fait de bonnes œuvres, est-il dit, et est un vrai croyant, qu’il soit homme ou femme, sera reçu dans le paradis. » On raconte qu’une vieille femme vint un jour trouver le prophète et lui demanda d’intercéder pour elle afin qu’elle fût admise au bienheureux séjour. « Les vieilles femmes n’y sont pas reçues, » répondit Mahomet. Alors la pauvre vieille fondit en larmes, mais Mahomet sourit et lui dit d’un ton bienveillant : « Non, parce que toutes y redeviennent jeunes. » Il est vrai qu’il autorisa les maris à châtier corporellement leurs femmes dans des cas extrêmes, pourvu que ce fût avec modération, qu’il approuva leur réclusion dans les harems, qu’il déclara licite le concubinage avec les prisonnières de guerre. Assurément rien de tout cela n’est très édifiant, et pourtant, il faut le redire, la femme d’Orient doit beaucoup à son prophète, le Koran contient de remarquables passages sur les droits. de la femme, les égards qui lui sont dus par l’homme, et l’on ne saurait donner tout à fait tort à quelques musulmans distingués de nos jours qui, partant du principe que le véritable esprit de l’islamisme est contraire à un certain nombre de doctrines du Koran, soutiennent que, par fidélité à cet esprit, il serait temps d’abolir la polygamie comme une institution vieillie, incompatible avec l’état présent du monde et inconciliable avec la dignité que le Koran lui-même reconnaît à la compagne de l’homme.

Quant à l’esclavage, le Koran et le Nouveau-Testament sont d’accord en ceci que ni l’un ni l’autre n’énonce la moindre velléité de l’abolir comme une chose mauvaise en soi et illégitime ; mais tous deux réclament en faveur de l’esclave, enjoignent au maître de le traiter avec humanité comme une créature de Dieu, et leur tendance commune est certainement favorable à l’abolition. Par exemple Mahomet posa en principe que le captif qui embrassait l’islamisme devenait libre ipso facto. La femme captive que son possesseur réduisait à l’état de concubine ne pouvait être renvoyée ni vendue si elle devenait mère, et à la mort de son maître elle recouvrait sa liberté. De même, le maître qui battait son esclave sans motif était tenu de l’émanciper. En général, on peut dire que l’égalité et la fraternité de tous les musulmans, sans distinction de naissance ou de richesse, est une des doctrines explicites du Koran. Les musulmans ont eu des asiles pour les aliénés avant qu’on eût l’idée d’en fonder dans l’Europe chrétienne. Le Koran contient les plus louables préceptes sur la protection due aux animaux domestiques. Le fait est que, dans les pays orientaux, il n’est pas besoin d’autre loi que la loi religieuse pour les préserver de ces mauvais traitemens que notre législation et nos sociétés spéciales ont tant de peine à