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caserios s’espacent tout au long de la délicieuse vallée du Cadagua, verte et fleurie comme un parterre.

Cette route m’avait ramené par Zalla et Gueñes à Galdámes, mon point de départ. Je poussai alors vers le nord, par la vallée du Somorrostro, curieux de visiter le champ de bataille de 1874. Le village de San-Juan-de-Somorrostro est situé à 3 kilomètres de la mer, sur la gauche du petit cours d’eau qui lui a donné son nom. C’est là que le maréchal Serrano avait son quartier-général le 24 mars, veille de la grande attaque. La rivière, guéable à peu près partout, faisait la ligne de démarcation des deux armées. Les carlistes, postés sur la rive droite, avaient su très habilement tirer parti des accidens du terrain. Leur droite, bien retranchée, occupait le Montano, haute crête à pentes escarpées qui se prolonge jusqu’à la mer. Leur centre dominait également la petite plaine qui s’étend, toujours sur la rive droite, en face de San-Juan-de-Somorrostro ; il s’appuyait aux villages de San-Pedro-Abanto et de Santa-Juliana, à cheval sur la route qui coupe la plaine et à son point culminant ; non contens d’avoir formé, à l’aide de murs, de haies et de fossés, un obstacle continu, les carlistes avaient renforcé cette partie de leur ligne de bataille par un ouvrage en terre, établi en avant de l’église de San-Pedro. Leur gauche enfin s’étendait sur le massif de las Cortes, et leurs tranchées couronnaient les croupes au-dessus du chemin de fer de Galdámes qui serpente à mi-côte aux flancs de la chaîne. Le maréchal Serrano ne se dissimulait pas les difficultés d’une attaque de vive force dans des conditions semblables, mais il comptait sur son artillerie infiniment supérieure à celle des carlistes. A sa gauche le mont Janeo avait reçu une forte batterie ; deux autres garnissaient le centre, la première installée sur la grande route, la seconde dans le parc du marquis de Villarias, à proximité de l’église de San-Juan et juste au-dessus du pont ; à droite enfin le mont la Bernilla était armé d’une quatrième batterie qui enfilait les tranchées de las Cortes. En même temps deux bâtimens de l’escadre libérale, embossés à peu de distance de la côte, devaient faire une diversion sur l’extrême droite de l’ennemi.

L’affaire commença le 25 mars à cinq heures du matin par le feu de toute l’artillerie. Bientôt la droite, sous les ordres de Primo de Rivera, franchit le pont de Somorrostro et se lance à l’assaut des positions de las Cortes, défendues par les bataillons du Guipuzcoa. Les libéraux occupent assez, rapidement la première ligne de tranchées que venait d’abandonner l’ennemi, incapable de tenir plus longtemps sous le tir des pièces de gros calibre, mais en arrivant sur la seconde une fusillade bien dirigée les arrête. Pendant ce temps Loma, qui commandait le centre, avait à son tour passé le pont et s’était porté par la grande route dans la direction de