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expressifs de la vie italienne à tous les rangs de la société : Pascarèl et Signa, Ariadné et Dans une ville d’hiver.

Mlle de la Ramée, — nul n’ignore que c’est là le nom véritable de la femme de talent qui porte le pseudonyme de Ouida, — Mlle de la Ramée a depuis quelques années fixé son home aux environs de Florence. La villa Farinola, qu’elle habite, est, nous dit-on, une ancienne et grandiose demeure qui essuya le premier feu des impériaux lors d’un siège resté célèbre. Un récent visiteur nous la montre située au milieu des vignobles et des collines qu’arrose la Grève. « Les jardins qui l’entourent rappellent l’Angleterre. La terrasse qui précède la façade a une belle vue sur le val di Pesa, le monastère de la Certosa et un tournant pittoresque du val d’Arno qui permet de découvrir l’éperon des Apennins et la cime des montagnes de Carrare, changeant de couleur à chaque heure du jour. Toute la campagne est feuillue et vraiment ravissante, avec ses sentiers sinueux à l’ombre de haies très élevées, ses fermes aux murs gris cachées sous les peupliers et les oliviers, ses champs de blé qui escaladent les hauteurs ou bien s’abîment dans les vallées, ses festons de vigne et le tapis jaune et rouge dont la parent au printemps les tulipes sauvages.

« Lorsqu’on passe de la terrasse de la villa dans le vestibule, décoré de plantes, de statues et de bustes des vieux Nerlè, jadis propriétaires du lieu, on aperçoit la salle des banquets transformée en salle de billard et qui a toute la hauteur de la villa. Une galerie qui communique aux chambres de l’étage supérieur circule alentour. Sur cette immense pièce ouvre la salle de bal aux murs d’un vert pâle rehaussé de bas-reliefs blancs, laquelle donne elle-même sur des jardins. A gauche du vestibule se trouve la chambre dite des miniatures, où sont rangés, avec un nombre considérable de portraits, tous les objets d’art rassemblés par Ouida durant son séjour en Italie. Au-dessus des fenêtres, deux aigles d’or qui ont appartenu à Napoléon Ier déploient leurs larges ailes ; le mobilier est de style Louis XV. De l’autre côté se trouve une autre chambre où Ouida travaille en hiver sur une table à écrire vénitienne et où elle a ses livres et ses tableaux, car l’écrivain est peintre aussi. De cet appartement, on passe dans la salle à manger, littéralement encombrée de vieilles porcelaines et de fleurs, que la maîtresse du lieu aime passionnément et loge partout. Au-dessous se trouvent la chapelle, une grande salle voûtée, les cuisines et offices, puis dehors les écuries qui se cachent derrière les lauriers-roses et le s(anzone où s’abritent les citronniers en hiver, où le bruit des eaux jaillissantes-se mêle au parfum des herbes sèches. La vaste habitation a encore deux autres étages ; elle logerait au besoin une ou