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dresser une longue liste des diplomates qui, ayant commencé par être d’église, devaient à ce commencement leurs plus remarquables qualités : lui-même n’en est-il pas l’exemple le plus frappant? — Reinhard s’efforça de reconstituer le personnel de son département; il renvoya nombre de commis indignes entrés à la faveur de la révolution, et s’attacha, en améliorant leur situation, des hommes comme La Besnardière et d’Hauterive.

Malgré ses louables efforts, Reinhard manquait d’autorité politique, et quand Bonaparte, après le 18 brumaire, eut besoin d’un véritable ministre, il pensa à Talleyrand, qui reprit le portefeuille après un éloignement de quatre mois. Reinhard fut nommé ministre de France en Suisse : il devait mourir pair de France en 1837, après avoir rempli nombre de missions diplomatiques.

Avec le consulat, la période révolutionnaire est close. Nous nous bornerons à indiquer en terminant ce que fut le ministère des relations extérieures sous Napoléon. Reinhard avait déjà, à l’imitation de l’ancien régime, rétabli deux directions politiques, l’une pour le nord, l’autre pour le midi. Talleyrand n’y toucha pas : les deux premiers commis étaient, en 1800, Durant et d’Hauterive. Le second devint le bras droit de Talleyrand. Ils s’étaient connus dans leur jeunesse à Chanteloup, la retraite de Choiseul disgracié; ils avaient appris à s’apprécier, en même temps qu’ils puisaient dans la fréquentation de l’illustre ministre les traditions de l’ancienne diplomatie. En 1805, Durant fut remplacé par La Mesnardière, un des plus brillans rédacteurs qu’ait jamais possédés le département. L’influence de d’Hauterive était considérable : c’est lui qui imagina de recruter les secrétaires d’ambassade parmi les auditeurs au conseil d’état, qui formaient l’élite de la jeunesse; ce fut un usage très fréquemment suivi pendant les dernières années de l’empire. À cette époque d’ailleurs, les grades dans la hiérarchie diplomatique, très rigoureusement établie, étaient la propriété du titulaire comme aujourd’hui les grades de l’armée : un secrétaire d’ambassade ou un ministre plénipotentiaire ne pouvait être destitué que sur le rapport d’une commission ad hoc. Il n’est pas besoin de faire remarquer quelle force et quelle cohésion ce système aurait pu donner au corps diplomatique si les gouvernemens suivans l’avaient conservé. Les autres services du ministère : consulats, archives, fonds, secrétariat, étaient à peu près organisés comme sous M. de Vergennes.

On voit combien faible est la trace que la révolution a laissée dans le département des affaires étrangères. Nous avons montré comment dès le 9 thermidor on est revenu progressivement à l’ancien système, dont on reconnaissait les avantages. Aujourd’hui encore il est facile de constater que l’organisation actuelle n’est qu’une