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Anglais, qui ne produisent pas de vin et en consomment, ne demandent pas mieux que d’abaisser les droits sur nos vins ; mais ils demandent en retour que nous abaissions les droits sur leurs fers. La demande semble équitable, bien qu’elle provoque à cette heure les réclamations de nos maîtres de forges, qui se déclarent opposés aux prétentions de l’Angleterre.


III. — LA GIRONDE, ARCACHON, LES LANDES, LE GOLFE DE GASCOGNE.

Si l’on coupe la région médocaine suivant une ligne transversale allant de la mer à la Gironde, on rencontre au bord de l’Océan des dunes, derrière elles des plaines de sable ou landes parsemées d’étangs, puis des bois disséminés, la région des vignobles, enfin, au bord du fleuve, des terres argileuses, basses, prairies, palus ou marécages. Les dunes, qui bordent l’Océan de l’embouchure de la Gironde à celle de l’Adour, forment, sur toute cette longueur, comme une digue, un barrage littoral, qu’on dirait tiré au cordeau. Derrière s’amassent les eaux de la mer ou les eaux douces, et ces sortes de bassins intérieurs sont ce qu’on nomme les étangs. L’étang d’Arcachon, ouvert sur l’Atlantique, l’étang de Cazau, au sud du premier et communiquant avec celui-ci par un canal fait de main d’homme, sont les plus importans. Les landes entourent les étangs, occupent en longueur la même étendue que les dunes et s’avancent fort loin dans l’intérieur ; elles ont donné leur nom à tout un département.

L’embouchure de la Gironde forme comme un véritable golfe sur l’Océan. Nous savons que le flot de la marée monte jusqu’à 12 lieues au-delà de Bordeaux, à Castets, au confluent du canal latéral avec la Garonne. Sur la Dordogne, il s’étend au-delà de Libourne, qui reçoit des navires de mer. Le jusant, ou retour de la marée, balaie tout cet espace, et le volume des eaux marines est hors de comparaison avec celui des eaux fluviales. C’est ainsi que semble se justifier le nom d’Entre-Deux-Mers que les Bordelais ont donné à la portion de terre comprise entre le confluent de la Garonne et de la Dordogne.

Embarquons-nous sur un de ces élégans bateaux à vapeur qui descendent la Garonne et la Gironde. Nous quittons d’abord le magnifique port en croissant de Bordeaux, puis nous saluons le Bec-d’Ambez, et là nous entrons, comme dit le marin, en Gironde. Pour un hydrographe, nous sommes toujours dans les mêmes eaux, et la Gironde n’est que le prolongement de la Garonne ; les étymologistes vont jusqu’à dire que les deux mots ont la même racine, et que le premier n’est que la corruption du second. Laissons-les discuter et avançons toujours. Le fleuve s’élargit considérablement ; sur la rive