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chant monotone du traditionnel veilleur de nuit : c’était empreint de couleur locale et fort incommode.

Tout cela a disparu ou s’est transformé. Les vastes hôtels de la capitale n’ont plus rien à envier au confortable ni au luxe des plus grandes villes de l’Europe, et le chemin de fer qui, en seize heures, réunit le port de Malmö à Stockholm, a des perfectionnemens qui diminuent beaucoup la fatigue, et que nous ferions bien d’imiter. Le développement des voies ferrées présente en des pays comme la Suède et la Norvège des conditions particulières au prix desquelles le succès est assuré. Si, pour certaines régions des deux royaumes, elles peuvent risquer de n’être pas tout d’abord largement rémunératrices, elles susciteront cependant un grand essor des ressources naturelles, qui sont immenses dans ces contrées. C’est ce qu’on peut dire en particulier de certaines lignes nouvellement ouvertes, non pas de celle qui unit la capitale aux ports du sud, — l’avantage est ici trop immédiat et trop évident, — mais de celle, par exemple, qui est désormais en activité entre Gefle, sur la mer Baltique, et le grand entrepôt de la Suède occidentale, Gothenbourg, sur la Mer du Nord. Les profits que l’industrie et le commerce sont appelés à recueillir de ces grandes voies de communication sont incalculables ; les derniers chiffres de production et d’exportation déjà obtenus en sont l’heureux et incontestable augure. Le progrès moral a suivi les changemens matériels. Il n’existe plus rien de l’ancienne intolérance religieuse ; de grands efforts ont été accomplis et de sérieux succès ont été acquis pour l’amélioration de la condition des femmes. Le progrès intellectuel n’est pas moindre, surtout dans certaines voies qui semblent propres au génie de la Suède. On sait combien les musées du nord sont remarquables pour leur belle ordonnance, toute scientifique ; les incomplètes collections d’autrefois ont été remplacées à Stockholm, dans le Musée national, par de magnifiques galeries d’ethnographie et d’archéologie. Sans cesse des découvertes imprévues, — comme celles toutes récentes de M. Stolpe dans l’antique Biörkö, ou de M. Rygh, qui nous révèle un âge arctique, avec des instrumens en schiste, à ajouter aux âges de pierre, de bronze et de fer, — viennent y susciter de nouveaux problèmes. Outre le progrès des sciences ethnographiques et de l’archéologie nationale, la Suède n’a jamais mieux mérité sa vieille réputation, commencée au XVIIIe siècle, dans les sciences naturelles. La principale université du royaume a pris de tout temps au mouvement général des esprits une part considérable, on peut s’en convaincre en lisant son histoire, qui vient d’être écrite avec soin et talent par un jeune professeur, M. Claes Annerstedt. Aujourd’hui encore, nous le montrerons plus amplement tout à l’heure, elle compte