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l’université. A gauche, les membres du parlement, ceux du conseil d’état, les ministres du royaume, et enfin, sous un dais, le roi Oscar II et le jeune prince royal.

Toute grande cérémonie s’ouvre en Suède par le service divin et par l’hymne au roi. L’hymne est chanté, comme en Angleterre, par toute l’assistance debout ; le service divin se compose de prières récitées de l’autel ou du haut de la chaire, d’un psaume au son des orgues, et d’un sermon, prononcé cette fois par l’archevêque, M. Sundberg, primat du royaume et président de la seconde chambre. Tout cela n’était que les préliminaires de la principale fonction, qui commença lorsque les maréchaux ou commissaires, — quelques-uns des étudians que désignaient, outre leur casquette de drap blanc, l’écharpe aux couleurs nationales, bleu et jaune, — appelèrent l’une après l’autre les délégations nationales pour venir féliciter le recteur. Comme il y avait jusqu’à soixante-trois députations particulières, comme il eût fallu, à n’accorder même que quelques minutes pour chacune d’elles, plus de cinq heures de harangues, on avait sagement décidé que ces députations se réuniraient en nationalités, et désigneraient chacune un seul interprète auquel cinq minutes devraient suffire. Chaque groupe, une fois appelé, se rendait au milieu du chœur, en face de la chaire où se tenait le rector magnificus, M. Sahlin, et le haranguait par son orateur. La diversité des idiomes compensait l’uniformité des sentimens : on offrait à l’université, ce fût du moins le langage de l’orateur français, des vœux pour sa prospérité future, pour celle de la Suède, d’une famille royale intimement unie à la nation, et de la Scandinavie entière, dont les plus illustres représentans assistaient à cette fête d’un caractère avant tout national ; on lui exprimait des félicitations pour son passé glorieux, pour le concours des hommages qui avaient de toutes parts répondu à son appel, et grâce auquel cette journée devenait en même temps une fête internationale de la science ; on lui présentait enfin des remercîmens, et nous avions sans doute le droit, nous avions le devoir d’en offrir l’expression d’autant plus précise, au nom des sympathies traditionnelles entre la France et la Suède. Beaucoup d’universités apportaient, suivant l’usage, avec leurs harangues, des adresses sur de beaux parchemins ; la France, elle offrait une collection de volumes représentant une somme de 20,000 francs.

A la série de ces félicitations étrangères devait s’ajouter quelques heures après, en réponse à un toast du recteur pendant le banquet offert par l’université, le témoignage de la patrie elle-même, par une harangue du roi rappelant à grands traits, non sans poésie, quelle part importante cette université avait eue dans la vie même de la nation. — Le nouveau-né, y était-il dit à peu près, cherche au