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animés ; on y décharge principalement les planches et les madriers de sapins du nord, les houilles et les fontes anglaises, le minerai de fer, et, sur des gabares, tout ce qui doit remonter jusqu’à Nantes. On y embarque les colis de tout genre qu’emporte vers la mer des Antilles et le golfe du Mexique la flotte à vapeur de la compagnie française transatlantique, qui a là ses bureaux, ses docks, ses ateliers, ses magasins ; elle y a eu aussi ses chantiers de construction, et une partie de ses grands steamers ont été lancés à Saint-Nazaire. Ses établissemens occupent une superficie de 4 hectares. Sur les quais, on remarque deux belles machines à mater, dont une a été construite par le Creuzot, des grues à vapeur très puissantes, tout cela pour l’embarquement et le débarquement des plus grosses pièces, des plus lourds fardeaux. A la bonne heure ! voilà un vrai port de mer ; à Nantes, nous n’étions encore que dans une espèce de port de rivière.

Le bassin à flot de Saint-Nazaire, commencé en 1842, a été livré à la navigation en 1857 ; il s’ouvre sur l’anse de Penhouët ; c’est un véritable port artificiel, creusé dans les terres. Le bassin n’a pas moins de 10 hectares de superficie, peut abriter 60 navires de 600 tonneaux, et le développement des quais est de 1,600 mètres. La profondeur d’eau varie suivant les points de 6 mètres à 7m,50, à la basse-mer. Deux écluses font communiquer le bassin à flot avec l’Océan, l’une de 13 mètres, l’autre de 25 mètres de large, celle-ci pour les plus grands navires. Deux môles d’abri en charpente s’avancent à 200 mètres sur l’eau, et marquent le chenal d’entrée. La rade est si sûre et si calme qu’elle remplit les fonctions d’avant-port. Une cale sèche pour la réparation des navires est annexée au bassin à flot. A côté du bassin actuel, on en construit un second qu’on mettra en communication avec le premier, et qui aura 20 hectares de superficie et trois cales sèches. La cale actuelle servira alors à passer du premier au second bassin. Celui-ci coûtera au total 20 millions et sera l’un des plus grands bassins à flot qui existent. On estime qu’il pourra être livré au commerce en 1880. On y a fait usage, comme dans l’établissement du premier bassin de Saint-Nazaire, pour l’assiette définitive des fondations des murs de quai sur un sol solide à travers le sol vaseux, de méthodes de descente de puits en maçonnerie hardies, audacieuses, et plus tard imitées à Bordeaux, au Havre, à Rochefort, à Lorient, dans des conditions moins délicates qu’à Saint-Nazaire.

C’est en creusant les fondations de ce nouveau bassin dit de Penhouët (le premier s’appelle plus spécialement le bassin de Saint-Nazaire) que M. R. Kerviler a reconnu, dans les terrains d’alluvion jadis formés par les apports de la Loire, la trace très nette laissée par les inondations annuelles du fleuve. Des armes et des outils de