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travail, à cause des inexactitudes que je suis forcé d’y relever et que vous avez empruntées au livre de M. Mounier[1] : elles proviennent, les unes de l’emploi d’une édition défectueuse et sans doute déjà ancienne de César, les autres d’une interprétation fautive et contraire à celle des traducteurs des Commentaires. Je vais mettre sous les yeux du lecteur une traduction littérale des parties de ce texte qui nous intéressent, d’après une édition que M. Œhler a publiée, en 1862, à la célèbre librairie de Teubner de Leipzig et qui ne diffère sensiblement ni de la très savante édition de Car. Nipperdey (1847), ni de celle que M. Bernard Dinter a fait paraître, en 1876, dans la collection des classiques grecs et romains de Teubner[2]. Il me sera facile ensuite de mettre en évidence les rectifications que comporte votre version :

« Les chefs réunis en assemblée générale imposent aux Éduens (Bourgogne) et à leurs cliens les Ségusiaves (Forez-Lyonnais), etc., 35,000 hommes ; un pareil nombre aux Arvernes (Auvergne), y compris les Éleuthères Cadurques (Quercy), les Gabales (Gévaudan), les Vellaves (Velai), qui ont coutume d’être sous le commandement des Arvernes ; aux Séquanes (Franche-Comté), aux Sénons (Sens), aux Bituriges (Berry), aux Santons (Saintonge), aux Rutènes (Rouergue), aux Carnutes (pays chartrain), 12,000 ; aux Bellovakes (Beauvoisis), 10,000 ; autant aux Lémovikes (Limousin) ; 8,000 aux Pictons (Poitou), et aux Turons (Touraine), et aux Parisiens (pays Parisis), et aux Helvètes (Genève, Valais, etc.) ; 5,000 aux Sénons (encore le pays de Sens), aux Ambiani (Amiénois), aux Médiomatrikes (Messin), aux Pétrocoriens (Périgord), aux Nerviens (Liège et Namur), aux Morini (Boulonnais), aux Nitiobriges (Agenais) ; autant aux Aulerkes Cénomans (pays du Maine) ; 4,000 aux Atrébates (Artois) ; 3,000 aux Velliocasses (Vexin-Rouennais), aux Lexoviens (Lisieux), et aux Aulerkes Éburovices (Évreux) ; 3,000 aux Rauraques (Bâle-Argovie), et aux Boïens (entre Loire et Allier) ; 30,000 à toutes les cités qui atteignent l’Océan, et au nombre desquelles sont les Curiosolites, Redones, etc. »

La première observation que suggère la lecture de ce chapitre, c’est que les peuples gaulois y sont dénombrés par séries correspondant aux chiffres des contingens de chacun, et dans un ordre décroissant depuis 35,000 jusqu’à 3,000. Ainsi les nations éduenne et arverne, avec leurs cliens, sont taxées à 35,000 chacune ; vient ensuite la série des cités, taxées à 12,000 chacune et non ensemble, comme vous l’avez cru ; puis

  1. Pages 158-159.
  2. J’ai donné la préférence à l’édition Œhler, parce que les changemens et additions au texte de Nipperdey sont motivés dans la préface, tandis qu’ils ne le sont point dans l’édition de M. Dinter, qui me semble en outre moins prudent et moins judicieux dans le choix des leçons : celle-ci a seulement l’avantage d’une table très détaillée.