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une importance particulière, puisque c’est principalement sur elle que vos aperçus historiques sont fondés ! je veux parler des Rauraques et des Boïens, dont vous opposez le gros chiffre de 30,000 au faible effectif de 6,000, imposé à la grande confédération armoricaine. Eh bien ! dans les éditions de Nipperdey, d’Œnler et de Dinter, ces chiffres sont changés ou déplacés : le premier a rationnellement attribué aux cités de la confédération armoricaine le nombre XXX. (30,000) qui est placé entre elles et les Rauraques et Boïens, et que jusque-là on avait regardé comme s’appliquant à ces derniers. Ceux-ci se sont trouvés par suite privés de tout chiffre de contingent, et Nipperdey a laissé la place en blanc. MM. Œhler et Dinter ont adopté la leçon de Nipperdey, mais, ils sont allés plus loin et se sont efforcés de déterminer le chiffre du contingent des Rauraques et des Boïens, M. Dinter en ajoutant arbitrairement le mot bina (2,000), et M. Œhler en ajoutant terna, (3,000), qu’il suppose, avec une certaine vraisemblance, avoir pu être omis par les copistes, qui y auront vu une répétition inutile de ce mot écrit à la suite des Éburovices. Quoi qu’il en soit à l’égard de ces additions, il reste un point unanimement fixé par les trois savans éditeurs, c’est que le nombre XXX (30,000) désigne l’effectif imposé à l’Armorique, et non ceux des Rauraques et des Boïens.

Dès lors, vous le voyez, monsieur, le fait qui vous a si vivement frappé, la disproportion des contingens avec l’importance respective des peuples taxés, n’existe pas plus que le groupement systématique de ces peuples, que vous pensiez avoir été imaginé en vue d’une prépondérance politique et militaire à établir au profit du parti des Éduens.

Vous avez, à la vérité, invoqué à l’appui de cette thèse, qui est également celle de M. Mounier, le rendez-vous général des contingens fixés sur le territoire des Éduens, et l’attribution de grands commandemens à deux de leurs chefs, Viridomar et Éporédorix. Mais ces argumens me paraissent n’avoir pas une portée bien sérieuse. L’oppide d’Alesia, où Vercingétorix était enfermé et qu’il s’agissait de dégager, était sur le mont Auxois, à Alise-Sainte-Reine, en pleine Bourgogne, au pays des Éduens ; cette identification a été contestée, mais vous-même, monsieur, vous l’avez adoptée, et avec raison je crois. Or, n’était-il pas naturel et même nécessaire d’assigner aux troupes destinées à composer l’armée de secours un point de rassemblement sur le territoire éduen, aussi près que possible du théâtre de l’action afin d’éviter des