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léments empruntés à la fois au moyen âge et à la renaissance, et mélangés sans grand souci des proportions ni des convenances. La statue en zinc de la Bavière, accompagnée de son lion symbolique, couronne la façade plate et monotone. Rien à l’extérieur n’indique la destination de l’édifice, pas même cette inscription d’une emphase énigmatique : À mon peuple, honneur et exemple ! Les dispositions intérieures ne témoignent pas non plus d’une appropriation bien intelligente, et à chaque étage se développe une longue file de salles toutes pareilles dans leur structure et leur aménagement. Nous ne parlerons pas des cent quarante-quatre fresques qui décorent (est-ce bien le mot ?) le premier étage. Ces peintures, inspirées par l’histoire de la Bavière et de ses différens cercles, montrent trop crûment les hâtes imprudentes de l’improvisation, et leur coloriage intempérant ne sert que médiocrement à faire ressortir les objets exposés. Ces objets eux-mêmes sont entassés comme au hasard. On a pris de toutes mains, sans grand choix, et, à côté d’œuvres d’une beauté incontestable, on a admis des œuvres tout à fait insignifiantes ou des répétitions multipliées qui fatiguent l’attention.

Malgré bien des lacunes, la portion du musée consacrée au moyen âge est la plus intéressante, la seule qui ait un caractère vraiment national. En parcourant ces salles, on y peut suivre les manifestations diverses d’un art local qui, à défaut d’un goût très pur, eut cependant pour lui quelque force et quelque variété dans ses inventions. On n’a pas cru devoir écarter absolument les objets qui n’offrent qu’un intérêt purement archéologique, mais on les a relégués à part, et un cabinet contigu renferme les instrumens de torture, les chevalets, les roues et les sièges garnis de pointes acérées qui, en se rapprochant, étreignaient les malheureux patiens. D’autres objets y figurent également qui servaient à des châtimens moins cruels, mais en rapport avec les vices qu’il s’agissait de réprimer, comme les couronnes et les longues tresses de paille, coiffures destinées aux femmes de mauvaise vie, et les tonneaux décorés de peintures dans lesquels on promenait les ivrognes. On a même étalé sous le porche, nous ne chercherons pas à quel titre, plusieurs canons français, trophées de la dernière guerre, autour desquels se pressent les curieux, et parmi ces canons une pièce de rempart prise à Strasbourg et portant la marque glorieuse des vingt-huit projectiles qui l’ont atteinte et mutilée.

Au premier étage, il n’y a plus trace d’ordre chronologique ni même de préoccupations nationales. Les objets recueillis sont de toute origine, et ils sont disposés, sans aucun choix, par genre d’industrie : la céramique avec des spécimens assez remarquables des fabriques de Berlin, de Meissen, de Hœchst et de Frankenthal,