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pour les Évangiles, la fougue des compositions de Chifflart pour la Chanson de Roland, la vérité pittoresque des mobiles et des francs-tireurs de Neuville dans le livre A coups de fusil ? La diversité dans les procédés de gravure n’est pas moins accentuée. Le XVIe siècle est le siècle de la gravure en bois, le XVIIe celui de la taille-douce et de l’eau-forte, le XVIIIe celui de l’eau-forte terminée ou accompagnée au burin, selon que c’est la taille-douce ou l’eau-forte qui y domine. De 1830 à 1850, restauration et règne du bois. Mais de 1860 à aujourd’hui, tous les genres de gravure sont au même titre admis dans les livres. Le bois sert aux illustrations de Doré, aux livres d’art de la librairie Renouard, aux livres d’éducation de la librairie Hetzel, aux livres de voyages et de science vulgarisée de la librairie Hachette, aux livres d’ornithologie et de botanique de la librairie Rothschild. La taille-douce est choisie pour le Musset de Bida, pour les Émaux de Petitot, pour les Femmes de Goethe de Kaulbach, pour l’Elaine et la Viviane de Doré. On prend l’eau-forte pour les classiques français de Mame, illustrés par Victor Foulquier, pour les beaux livres de bibliophiles de Jouaust et de Lemerre, dont Flameng, Hédouin, Lalauze, Boilvin, Leloir, sont les aqua-fortistes ordinaires, enfin pour les Évangiles de Bida.

Combien d’autres procédés encore on applique à l’ornement des livres : la chromolithographie (ou lithochromie), lithographie en couleur qui s’obtient par un tirage successif de dix, de vingt, parfois de cinquante pierres sur une même épreuve, et qui a été employée par Curmer pour la reproduction du Livre d’heures d’Anne de Bretagne, par les Didot pour les somptueux livres de Paul Lacroix sur le moyen âge et la renaissance; — le procédé mécanique Collas, sorte de correspondance entre un burin qui suit les reliefs d’une médaille et un autre burin qui répète sur la planche les mouvemens mêmes du premier; on voit de curieux spécimens de ce procédé dans le Trésor de numismatique, — la photographie, que les Didot n’ont point craint de faire servir à leurs éditions elzeviriennes d’Horace et de Virgile, — la photochromie ou photographie en couleur, — la photolithographie, au moyen de laquelle on obtient un décalque sur pierre d’une épreuve photographique; — la photogravure, l’héliogravure et l’héliographie, trois mots qui étymologiquement veulent dire la même chose et qui en fait nous semblent désigner une même invention dont les applications seules différent. Il y a les procédés Tissier, Gillot, Yves et Barret, Lefman, Amand Durand, Dujardin, Goupil, Arosa, Braun. C’est en général toujours un report sur zinc, sur cuivre, sur gélatine ou sur verre, soit d’une épreuve photographique d’après un tableau, un dessin ou une gravure, soit d’un décalque d’une planche lithographique soit directement d’un croquis fait sur papier autographique. Les morsures du métal s’obtiennent par des agens chimiques, à peu près analogues sans doute à l’eau-forte, avec cette