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s’assurer par la valeur irrécusable des actes probatoires que ces élèves méritaient le redoutable droit d’exercice que l’on remettait en leurs mains. La faculté ne pouvait avoir à cet égard qu’une opinion pleine de réserves et qui fallait pas au-delà d’une probabilité très vacillante.

Cet exposé sommaire de la situation de l’enseignement médical serait incomplet, si, à côté des facultés, nous ne placions pas les écoles préparatoires de médecine, instituées dans un certain nombre de grandes villes. Ces écoles, au nombre de vingt-deux, avaient pour but de faire concourir à l’enseignement les moyens d’instruction clinique et anatomique que présentent les hôpitaux des villes importantes par leur population. Les écoles préparatoires pouvaient délivrer huit inscriptions équivalentes à huit inscriptions de faculté, ou douze inscriptions équivalentes à dix inscriptions, ou même quatorze inscriptions équivalentes à douze inscriptions. La dernière année scolaire devait nécessairement s’accomplir dans une faculté. Ces écoles avaient donc à donner l’enseignement correspondant aux trois premières années d’étude pour le doctorat en médecine. Elles offraient l’avantage de constituer des centres où les élèves, peu nombreux, connus personnellement de leurs maîtres, astreints à la présence obligatoire aux cours, pouvaient être dirigés plus sûrement que dans les grandes facultés. Aucun de ces élèves ne pouvait se dérober aux études pratiques d’anatomie, aux leçons et exercices cliniques, et, dans la première année de scolarité, aux travaux pratiques de chimie et d’histoire naturelle.

Mais pour que ces avantages fussent acquis, il aurait fallu que toutes les écoles préparatoires eussent été installées et outillées de manière à répondre aux besoins divers des études médicales pendant les trois premières années ; il aurait fallu que le corps enseignant offrît toutes les garanties qu’exige un enseignement complexe et élevé ; de la sorte, les premières années de la scolarité si fécondes, et qui contiennent en germe le développement de toutes les autres, ne couraient pas le risque d’être faussées, d’entraîner la stérilité de toutes les études ultérieures, en donnant à l’élève de mauvaises habitudes scientifiques, et en le rendant incapable, à moins de secours et d’efforts extraordinaires, de rentrer dans la bonne voie, dans la voie de la science exacte et de l’observation rigoureuse. Malheureusement, toutes les écoles préparatoires ne réalisaient pas cet état désirable. Elles étaient, on le verra, insuffisantes à bien des points de vue ; les moyens les plus indispensables d’enseignement leur manquaient trop souvent ; le corps professoral était irrégulièrement et parfois difficilement recruté ; il était misérablement rétribué, et pourtant les obligations imposées aux