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Les facultés, anciennes sont celles de Montpellier et de Nancy. La faculté de Montpellier a de glorieuses traditions, qui sont encore sa principale force ; mais il ne faut pas se dissimuler que le mouvement de transformation qui agite l’enseignement médical ne lui est pas de tout point favorables Cet enseignement, devient de moins en moins dogmatique et synthétique, pour revêtir le caractère analytique et pratique. Or ce caractère pratique de la médecine moderne se puise tout entier dans l’observation clinique, et dans ce qui se rattache à cette observation. La première et essentielle condition d’une telle observation se trouve dans la possession de ressources cliniques abondantes. Les études anatomo-pathologiques, et, avant elles, les études anatomiques, se relient à la possession de ces ressources cliniques. C’est là, sans qu’il soit besoin d’insister sur une vérité si évidente, ce qui fait que, désormais, les facultés de médecine ne peuvent pleinement prospérer que dans les cités très populeuses, pourvues d’hôpitaux où convergent et se répètent les faits pathologiques, de façon à fournir à l’étudiant attentif des occasions d’observation, fréquente, et embrassant l’ensemble de la pathologie. Comment instituer ailleurs que dans les très grandes villes les enseignemens cliniques spéciaux dont nous avons fait ressortir l’importance ? Comment trouver ailleurs que dans ces villes un assez grand nombre de services hospitaliers pour qu’un service puisse être attribué à la plupart des professeurs d’une faculté de médecine, à ceux du moins dont l’enseignement porte sur la pathologie et. la thérapeutique ? Qu’est un professeur de pathologie interne ou de pathologie externe, de pathologie générale ou de thérapeutique, qui ne possède pas un service d’hôpital ? N’est-il pas comme un combattant qui entre dans la lutte avec des préceptes et non avec des armes ? Son enseignement n’est-il pas destiné fatalement à perdre le caractère animé et vivant que le contact des faits et le commerce assidu des réalités peuvent seuls donner ?

La faculté de Montpellier doit donc s’efforcer de développer son enseignement pratique sans en éteindre le caractère philosophique, de fortifier son enseignement anatomique, d’accroître surtout ses ressources cliniques. Il faut faire dans ce sens tout le possible, sans se dissimuler que ce possible est malheureusement très limité par la faible importance numérique du milieu où siège la faculté.

La faculté de médecine de Strasbourg était perdue pour nous avec l’Alsace. La faculté de médecine de Paris, consultée, demanda le transfèrement de la faculté de Strasbourg à Lyon. Le chef du pouvoir exécutif, M. Thiers, croyant donner satisfaction à une pensée patriotique, désigna Nancy pour recueillir ce douloureux héritage. On voulait opposer une faculté voisine aux facultés allemandes ;