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poème a grand air, les pensées généreuses abondent, les vers sont bien faits, puis le souffle vraiment patriotique est bien là à sa place, car il s’agit de chasser l’étranger du sol de la patrie, et au temps de Du Guesclin on connaissait déjà ce mot de patrie. Dans une courte préface, MM. Coppée et d’Artois ont raison de dire que le sentiment public tend par trop aujourd’hui à la paix éternelle et oublie les choses de la guerre ; puisse ce livre contribuer à réveiller chez nous le désir des grandes choses et nous faire retrouver nos qualités d’autrefois.


Souvenirs et mélanges, par M. le comte d’Haussonville, 1 vol. in-8o ; Calmann-Lévy.


Le succès qu’a rencontré chez les lecteurs de la Revue 16 chapitre intitulé : la Vie de mon père, fait espérer, que le volume tout entier recevra le même accueil. M. d’Haussonville s’est plu à nous décrire cette vie des exilés pendant la révolution de 98, à nous les montrer portant hors de leur pays leur gaîté et leur insouciance, croyant toujours à une restauration de la monarchie légitime. Il nous montre ensuite ces mêmes exilés prenant à contre-cœur des charges à la cour de Napoléon Ier, et essayant, suivant le vœu du maître, de faire revivre les vieilles traditions. Ce premier chapitre est suivi d’un fragment qui ouvrit la publication du Bulletin français, publié à Bruxelles en collaboration avec Alexandre Thomas, qui, pendant plusieurs années, écrivit là chronique de la Revue ; puis viennent les chapitres intitulés : les Confèrenoes de Châtillon, le Congrès de Vienne, M. de Cavour et la crise italienne, qui, tous les trois, ont été publiés dans la Revue. Le livre se termine par deux discours prononcés par M. d’Haussonville ? comme on le voit par cette courte analyse, ce volume offre une lecture certainement instructive et variée.



Le Filleul du marquis, par M. André Theuriet, 1 vol. in-18 ; Charpentier.


Nos lecteurs connaissent déjà le Filleul du marquis, et le charmant roman de M. André Theuriet restera certainement longtemps encore dans leur mémoire. Il est rare de rencontrer aujourd’hui un récit aussi bien mené, des caractères aussi bien décrits et aussi attachans. Comme cette vie de la province est prise sur le fait, sans ces détails mesquins dont on encombre les romans qui paraissent chaque jour ; détails qui ne servent qu’à faire saisir le peu d’imagination de l’auteur ! Le Filleul du marquis ne nous montre pas de tels exemples, et nous pouvons être tout entiers à la lecture de ce récit, certains de ne pas être arrêtés par des inventaires ou des budgets de ménage.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.