Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une économie de temps considérable ; on en déduit non-seulement la situation relative des objets, mais encore leur élévation. Il est vrai que, pour cet usage, la chambre noire doit être construite comme un appareil de précision, et qu’il faut opérer dans des conditions qu’on ne rencontre pas tous les jours. C’est le colonel Laussedat, professeur de géodésie à l’École polytechnique, qui a recommandé cette méthode, il y après de vingt ans, et elle a été appliquée avec succès aux travaux de topographie militaire. En 1864, le capitaine Javary réussit à lever par ce moyen un plan de la ville et des environs de Grenoble ; la carte qui fut présentée à l’Académie des sciences embrassait une étendue de terrain de 20 kilomètres carrés, et tous les détails avaient été déduits de vingt-neuf vues, prises de dix-huit stations. A l’exposition universelle de 1867 figurait un plan des localités de Faverges et Doussard (Haute-Savoie) dressé par le même officier. Très simple dans son principe, cette méthode entraîne pourtant des constructions géométriques fort délicates et qui demandent beaucoup de temps. Le problème se trouve résolu d’une manière plus complète par l’instrument qu’un ancien médecin militaire, M. Auguste Chevallier, a imaginé en 1858, et qui est connu sous le nom de planchette photographique.

Déjà, vers 1845, M. Martens avait publié la description d’un appareil panoramique qui permettait de reproduire un demi-tour d’horizon sur un cylindre vertical ; l’image était reçue à travers une fente verticale très étroite. Cet appareil fut perfectionné par M. Garella, qui réussit à le modifier de façon à recevoir l’image sur une surface plane. Mais ces premières solutions, encore très imparfaites, n’ont plus qu’un intérêt historique depuis l’invention de la planchette photographique. L’instrument de M. Chevallier, tel qu’il est employé aujourd’hui, se compose d’une chambre obscure cylindrique qui peut tourner autour d’un axe vertical de manière à faire lentement le tour de l’horizon ; un prisme à réflexion totale renvoie l’image sur la plaque sensible, de forme circulaire, qui est fixée dans une position horizontale au-dessous du centre de rotation. On obtient ainsi une sorte de vue panoramique où les divers objets se trouvent déjà, marqués dans leurs vraies directions, comme sur la planchette ordinaire. On comprend que ce procédé mécanique n’a pas seulement, sur la méthode ancienne l’avantage d’une plus grande rapidité, mais qu’il rend presque impossibles les erreurs de visée qui sont toujours à craindre, lorsqu’on doit relever un à un tous, les objets saillans. Enfin les opérations graphiques auxquelles il faut recourir pour dresser le plan d’un paysage à l’aide de deux panoramas photographiques sont infiniment plus simples que celles, qu’exige l’emploi de la chambre