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réalisées depuis quelque temps dans les différentes branchies de la physique. MM. Bunsen et Roscoe ont mesuré, à l’aide du papier sensible, l’intensité changeante des radiations du soleil. Le docteur Stem, en Allemagne, a réussi à photographier le zigzag enflammé de l’éclair. On est parvenu également à fixer par ce moyen l’image fugitive des flammes de gaz qui vibrerait sous, l’influence d’un son, image que le miroir tournant transforme en un ruban de feu dentelé ; mais il a failli remplacer le gaz d’éclairage ordinaire par le cyanogène, dont la flamme pourpre possède un pouvoir photogénique considérable. Les oscillations rapides des coudes sonores sont photographiées, comme les oscillations lentes du thermomètre, sur une feuille de papier sensible, animée d’un mouvement de translation, qui reçoit le faisceau lumineux à travers un écran, percé d’un petit trou, que l’on attache à la corde avant de l’ébranler.

M. le docteur Ozanam avait réussi dès 1860 à photographier par un procédé analogie les battemens du pouls, en projetant un faisceau de lumière sur le sommet d’une colonne de mercure que soulevait périodiquement la vague du sang. Le sphygmographe de M. Marey enregistre les pulsations amplifiées par un levier dont le bras long est muni d’un style lorsqu’on veut obtenir un tracé sur papier enfumé, ou d’un écran percé d’un trou lorsqu’il s’agit de photographier le pouls. C’est par des artifices du même genre qu’on obtient les courbes qui représentent aux yeux le rhythme de la respiration, les contractions musculaires, les variations de la température du sang, etc. Ces nouvelles méthodes, fondées sur la représentation graphique des phénomènes, et dans lesquelles la photographie peut souvent intervenir d’une manière utile, ont inauguré une ère nouvelle pour la physiologie expérimentale, et l’importance qu’elles ont pour la pratique médicale saute aux yeux. En rendant accessibles à l’observation directe le jeu mystérieux des fonctions vitales dans l’organisme sain, aussi bien que les troubles de toute espèce que l’expérimentation y fait naître par une modification préméditée des conditions normales, elles éclairent d’un jour nouveau les symptômes des maladies. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir les volumes où sont consigne les résultats des recherches exécutées, sous la direction de M. Marey, au laboratoire de physiologie de l’École des hautes études, installé au Collège de France. En quelques années, le célèbre professeur, admirablement secondé par un groupe de jeunes savans, est parvenu à créer une étonnante quantité de matériaux qui contribueront à poser les bases d’une biologie rationnelle, en remplaçant les hypothèses par des faits.

Les applications de la photographie aux recherches médicales