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partie supérieure du plâtre, la fond, la réduit enfumée et supprime par là, peu à peu et de haut en bas, l’obstacle qui séparait les-charbons. L’appareil s’use doucement et lentement, savoir, les charbons comme la mèche, le plâtre comme la cire d’une bougie. Tout marche avec la régularité la plus absolue, sans affaiblissement un redoublement d’éclat, avec autant de constance que la meilleure lampe. C’est ainsi que l’on finit presque toujours par trouver la solution simple après l’avoir cherchée par des chemins compliqués. À la vérité, la bougie Jablochkof offre le double inconvénient de ne point se rallumer quand elle a été une fois éteinte, et d’exiger l’emploi de machines à courans alternatifs ; mais elle rachète ces désavantages par sa simplicité et par cette circonstance qu’on en peut placer dans un circuit, à la suite l’une de l’autre, autant que le permet la force de la machine, ce qui facilite singulièrement les canalisations.


II

Il convient maintenant de faire une étude détaillée de la lumière électrique, et tout d’abord l’anatomie exacte de l’arc lui-même. Comme il est trop brillant pour que l’œil en supporte l’éclat, on le projette habituellement sur un écran blanc par le procédé de la lanterne magique, ce qui en donne une image fidèle, mais dont l’éclat s’est affaibli parce qu’elle est agrandie et que la lumière venue d’un seul côté se dissémine ensuite vers toutes les directions. On y distingue d’abord les deux charbons, très brillans à leurs pointes, refroidis et noirs un peu plus loin. C’est à ces pointes surtout qu’est la source de la lumière électrique, aussi blanche, aussi pure que celle du soleil. C’est une ardente fournaise incessamment agitée par de tumultueux mouvemens, par une continuelle ébullition, par des gaz qui s’échappent, par des étincelles arrachées. Peu à peu la pointe positive, qui est la plus chaude et la plus brillante, diminue et s’amincit, pendant que l’extrémité négative grossit à vue d’œil. Il est clair que la matière enlevée de la première est transportée sur la seconde. En réalité et sans qu’on puisse l’expliquer, il se fait un double transport dans les deux sens à la fois, mais plus abondant du pôle positif au pôle négatif, ce qui doit tenir à la différence des températures. Enfin l’œil distingue, dans l’espace qui sépare les deux charbons, une lueur agitée, un gaz allumé, une flamme transparente : c’est l’arc, une lumière qui n’est pas blanche comme celle du soleil, mais d’une teinte spéciale, bleu violet. C’est elle qui donne à l’éclairage électrique la couleur qu’en lui reproche et qu’on peut toujours diminuer en resserrant les charbons.