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Par exemple, l’arc électrique qui se produit entre lin métal tel que l’argent et un charbon ne contient que deux bandes vertes, et si on remplace l’argent par d’autres métaux, le spectre obtenu est toujours formé par des traits brillans épars que séparent de larges espaces obscurs. Ces lumières sont donc très incomplètes et ne pourraient en aucun cas servir à l’éclairage.

Voyons maintenant les flammes de l’huile ou du gaz. Elles se résolvent en un spectre continu ; le rouge, l’orangé et le jaune y sont très abondans ; il y a peu de vert, presque point de bleu, il n’y a pas de violet ou presque pas. Ces flammes sont donc riches en couleurs peu réfrangibles, ce qui leur donne la teinte orangée, pauvres en rayons très déviés, et privées d’indigo et de violet. On pourrait leur enlever ce qu’elles ont de trop, le rouge ; il est impossible de leur ajouter l’indigo et le violet, qui leur manquent ; elles pèchent par défaut, c’est la cause de leur infériorité.

La lumière électrique est plus complexe ; elle vient à la fois des charbons et de l’arc et diffère suivant l’une ou l’autre de ces deux origines. Celle qui vient des charbons est blanche ; elle est absolument la même que la lumière du soleil et contient tous les rayons simples dans les mêmes proportions. Elle est complète et parfaite, elle remplace l’éclairage du jour sans le modifier en rien. Il n’en est pas de même de celle que l’arc envoie ; elle est bleu violet, et son spectre, porté tout entier vers les couleurs les plus réfrangibles, est inverse de celui des lampes : il contient peu de rouge, beaucoup de bleu et un manifeste excès de violet. C’est la lumière de cet arc qui donne à l’éclairage électrique cette teinte bleuâtre un peu crue qu’on signale avec raison ; mais, s’il pèche, ce n’est point par défaut, c’est par excès. Or, si l’on ne peut pas ajouter à la lumière des lampes ce qui lui manque, on peut retrancher des rayons électriques ce qu’ils ont de trop.

Pour faire comprendre comment se fera cette correction, je me vois obligé d’entrer un peu plus profondément dans l’étude de l’optique. La lumière est le produit de vibrations qui se propagent avec une grande vitesse dans le milieu éthéré qui remplit le monde, comme le son est le produit de vibrations transmises par l’air. Notre œil les reçoit, les accuse et les apprécie, comme l’oreille fait des sons, et les couleurs diffèrent entre elles comme les notes de la musique. Le rouge est, comme les sons graves, produit par les vibrations comparativement lentes ; le violet, comme les notes aiguës, résulte d’oscillations plus rapides, et ce qui complète l’analogie, c’est que l’œil cesse de voir les vibrations trop rapides ou trop lentes, comme l’oreille cesse d’entendre les notes trop aiguës ou trop graves ; mais ces vibrations extrêmes existent ; il y en a