Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révèlent à l’instant à la vue étonnée et charmée ; et par opposé, l’extinction subite de l’électricité ramène les spectateurs dans la nuit relative des éclairages antiques. Il n’y a point d’argument qui vaille cette épreuve.

Si l’on veut trouver les conditions d’un bon éclairage électrique, on ne peut mieux faire que d’étudier l’illumination des objets pendant le jour afin de la reproduire pendant la nuit. Quand le ciel est couvert, la lumière solaire franchit la couche des nuages comme elle franchirait un verre dépoli, et toute la voûte céleste, semblable à un immense plafond éclairant, rayonne de tous les points vers toutes les directions, vers le sol, les arbres, les édifices, vers tous les objets qui occupent la scène. A leur tour, ces objets diffusent dans tous les sens la lumière qui leur arrive, et de ce mouvement général résulte en chaque point un entre-croisement de rayons venus de partout et renvoyés partout, il y a comme une densité moyenne de lumière éparse et voyageuse : c’est l’illumination générale. Tout objet placé sur cette scène voit les parties qui l’entourent, parce qu’elles rayonnent vers lui, en même temps qu’il est vu de toutes parts parce qu’il rayonne vers tous les côtés. Les conditions de cette illumination varient à l’infini ; elle est verte dans les forêts parce que les feuilles diffusent du vert ; elle est rouge dans une salle tendue de draperies rouges ; elle a des teintes mixtes et des reflets quand il y a plusieurs luminaires de teint différente ; et, si le soleil est visible, il ajoute à l’illumination générale des rayons de direction constante sans que pour cela les ombres portées cessent d’être illuminées par la lumière éparse.

Tel est le modèle à suivre. Il faudra imiter d’abord l’immense luminaire céleste, et pour cela lancer sur les plafonds, sur les parois, sur le sol, la plus grande somme possible de rayons que la diffusion promènera ensuite à travers les espaces libres. Pour que la densité de lumière soit à peu près la même en tout point, il sera nécessaire de multiplier les luminaires, et comme leurs rayons directs affectent péniblement la rétine, il faudra diminuer l’éclat par l’interposition de verres dépolis additionnés de sulfate de quinine ou de substances fluorescentes afin de transformer les rayons violets et ultra-violets en lumière blanche. Enfin et surtout il faudra se calfeutrer pour éviter la dissipation des rayonnemens.

C’est par les fenêtres que pénètre la lumière extérieure, c’est par elles que s’échappe et se perd l’éclairement nocturne. J’en ai tout récemment fait l’épreuve à mes dépens. Ayant demandé à M. Jablochkof un éclairage électrique pour le laboratoire de la Sorbonne, j’ai été fort surpris du peu d’effet qu’il y produisait. Ce laboratoire est couvert par un toit de verre par lequel il reçoit dans