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lettres et des articles postaux, la transmission des dépêches télégraphiques, doivent-ils laisser à l’état une rémunération fiscale représentée par la différence entre les recettes et les dépenses, c’est-à-dire être considérés comme un impôt ? Ou bien, les taxes payées par le public doivent-elles être simplement le remboursement des dépenses faites par l’administration, le paiement sans bénéfice d’un service rendu ?

La réforme postale, si souvent citée et si peu connue, a imposé au trésor public des sacrifices considérables et qui eussent été bien lourds si les compagnies de chemins de fer n’avaient pas accepté la charge du transport gratuit des dépêches. Les chemins de fer pourraient faire de larges abaissemens de taxes si on imposait aux concessionnaires de mines l’obligation de fournir gratuitement la houille nécessaire au service des trains. Si l’administration des postes et celle des lignes télégraphiques étaient des entreprises privées, si elles faisaient entrer dans leurs dépenses annuelles l’intérêt et l’amortissement des sommes consacrées à la construction de tous les bâtimens qu’elles occupent, si elles supportaient directement la charge des pensions servies à leurs anciens employés, si on comptait les subventions allouées à des titres divers aux services maritimes, si on estimait la valeur des services accomplis gratuitement par les compagnies de chemins de fer, peut-être constaterait-on, dans la gestion par l’état de ces grands services, des insuffisances considérables, insuffisances que couvre toujours l’impôt.

L’administration des postes de l’empire germanique est peut-être le plus grand office postal de l’Europe. Au monopole des dépêches il joint celui des petits colis ; le service est très bien fait, et chaque année on signale des améliorations importantes ; mais au point de vue budgétaire les résultats sont graves. Les différences entre les recettes et les dépenses du service des postes allemandes dans tout l’empire, moins la Bavière et le Wurtemberg qui ont conservé à cet égard leur autonomie, ont été, pour les trois derniers exercices publiés, les suivantes :


Année 1872, excédant de recettes 16,494,988 francs
» 1873, » 10,254,071 »
» 1874, » 8,732,524 »

La pente est rapide : 50 pour 100 de diminution en trois exercices, sans compter les dépenses de construction des hôtels des postes, si nombreux et si beaux en Allemagne, les retraites des anciens agens, les services maritimes. Que l’on ajoute au chapitre des dépenses ces trois articles, ce n’est pas une diminution de bénéfices que l’on constatera, ce sera un accroissement de charges.

En réclamant pour l’état, en France, l’exploitation des chemins de fer, on ne poursuit pas un but fiscal puisque le premier article