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LA
PHILOSOPHIE ANCIENNE
EN ALLEMAGNE

L'ORIENT ET LA GRECE

Ed, Zoller, Die Philosophie der Griechen, 4e édition. Traduction française par M. Emile Boutroux, tome Ier. Paris, 1877.

Il y a quelques années, les Allemands ont été fort scandalisés de ce qu’un savant illustre de notre pays avait osé dire dans un congrès scientifique que la chimie est une science française. Il semblait qu’il eût voulu dire qu’il n’y a de chimistes qu’en France, tandis que le savant orateur avait simplement exprimé une vérité qui n’avait jamais fait l’ombre d’un doute avant 1870, c’est que Lavoisier, par sa théorie de la combustion, avait constitué la chimie d’une manière définitive. C’est dans le même sens que l’on pourrait dire de la philologie comparée qu’elle est une science allemande parce qu’elle a été constituée par Bopp, de la physique qu’elle est une science italienne parce qu’elle a été constituée par Galilée et Torricelli, ce qui n’empêche pas qu’il n’y ait eu des philologues ailleurs qu’en Allemagne, des physiciens ailleurs qu’en Italie, sait avant, soit après Bopp et Galilée. Seulement on est convenu de considérer une science comme fondée par celui qui lui fait faire le pas le plus décisif, et l’on attribue cette gloire à la nation chez laquelle ce pas a été fait :