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dévoués à leurs devoirs. Ils forment un personnel d’élite habitué à affronter le danger et qu’on a vu au premier rang pendant la guerre chaque fois qu’il y avait une mission périlleuse à accomplir.

La gestion des forêts est exercée par les agens dont le recrutement se fait, soit parmi les jeunes gens sortis de l’école forestière, soit parmi les gardes qui ont subi les examens constatant leur capacité. Le premier grade est celui de garde-général, qui, de même que le sous-inspecteur, remplit les fonctions de chef de cantonnement. Cet agent est la cheville ouvrière de toute la machine administrative ; il contrôle le service des gardes, fournit sur les affaires à traiter les renseignemens qui permettent à l’autorité supérieure de statuer, propose et fait exécuter tous les travaux que comporte la mise en valeur d’une forêt. Sans avoir un seul commis à sa disposition, il arpente les coupes à asseoir chaque année, surveille les exploitations, instruit les demandes de coupes extraordinaires dans les bois communaux et assiste l’inspecteur dans les opérations de martelage, quand toutefois il ne les fait pas tout seul.

L’inspecteur n’est pas précisément, comme son nom semblerait l’indiquer, un simple agent de contrôle, il participe lui-même à la gestion, et exerce une autorité directe sur les chefs de cantonnement. Il est spécialement chargé du balivage des coupes, des récolemens, des estimations et des ventes ; de plus, il représente l’administration forestière devant les tribunaux et poursuit la répression des délits commis dans les forêts. Le conservateur, en sa qualité d’ordonnateur secondaire, centralise la comptabilité. Il veille à la stricte observation des règlemens, correspond avec les préfets pour les forêts des communes et des établissemens publics, autorise la délivrance des menus produits, révise l’instruction des affaires qu’il transmet avec son avis à l’administration centrale.

Cette organisation laisse beaucoup à désirer, car les agens, à quelque grade qu’ils appartiennent, surchargés d’écritures, vont trop rarement en forêt ; les vérifications sont illusoires, et l’administration centrale n’exerce aucun contrôle pour s’assurer si ses ordres sont exécutés, si les règlemens sont interprétés partout de la même façon. De plus, les traitemens sont absolument insuffisans et l’avancement d’une lenteur à décourager les plus zélés. En sortant de l’école forestière, après avoir fait tous les sacrifices que comporte cette éducation dispendieuse et subi les épreuves des concours d’entrée et de sortie, le garde-général touche un traitement de 1,800 francs et végète pendant dix ans dans ce grade avant de passer sous-inspecteur. Une nouvelle période de dix années s’écoulera avant qu’il n’arrive au grade d’inspecteur ; ce n’est donc