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si en matière d’organisation charitable la plus grande, somme de bien se fait par la liberté, il peut se faire aussi quelque bien par les moyens les moins libéraux, même sous les gouvernemens qui se targuent le plus de libéralisme.

En parcourant ce livre, qui nous apporte des détails si peu connus sur les mœurs charitables d’un pays cependant si voisin du nôtre, je me demandais pourquoi un effort ne serait pas fait pour rendre plus complètes ces informations internationales. Nous avons eu ces dernières années un congrès de géographie, un congrès de statistique, un congrès pénitentiaire. Pourquoi n’aurions-nous pas quelque jour un congrès de la charité où les différens gouvernemens se feraient représenter par les fonctionnaires qui ont charge de l’assistance publique et auquel seraient appelés à prendre part tous ceux qui, par leurs études, leur profession, leur expérience, sont versés dans ces matières ? Si les femmes étaient admises à ce congrès (et il faudrait bien se garder de les exclure), si la duchesse Ravaschieri consentait à venir s’asseoir sur ses bancs, elle y apporterait des renseignemens aussi intéressans que ceux qu’elle recueillerait elle-même, et je serais étonné si elle ne conservait pas dans sa parole quelque chose de l’éloquence émue qui anime plus d’une page de son livre. Je ne sais si cette idée paraîtra susceptible d’une exécution pratique ; mais, à défaut de congrès, souhaitons de voir se multiplier des publications comme celles de la duchesse Ravaschieri. A côté de l’attrait des renseignemens qu’on y trouve, on éprouve aussi en lisant des ouvrages de cette nature une consolation, c’est de sentir qu’à travers les différences de mœurs, de race, de religion, parfois malgré la contrariété passagère des intérêts politiques, il y a cependant un lien qui unit aujourd’hui toutes les nations civilisées : c’est la préoccupation du progrès social et du bien commun de l’humanité.


Othenin d’Haussonville.


Le directeur-gérant, C BULOZ.