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employées sans direction suffisante, presque sans contrôle, ne produisent que des résultats insignifians. » Les agens voyers recommencèrent sous Louis-Philippe les écoles que les ingénieurs du XVIIIe siècle avaient faites lors de l’institution de la corvée. Ajoutons bien vite que cette période d’inexpérience est close depuis longtemps déjà. Leur éducation s’est faite : un nombreux personnel d’agens subalternes, répartis sur toute la surface de la France, connaît maintenant les bonnes méthodes de construction et d’entretien ; en général, la prestation est convertie en tâche, si le contribuable n’aime mieux s’en acquitter en argent, et la tâche est calculée de façon que le budget des chemins n’y perde rien. Au surplus, les conseils-généraux, qui sont bien placés pour juger du bon emploi des ressources vicinales, ont reçu récemment le droit de manifester ce qu’ils en pensaient. La loi du 10 août 1871 leur donnait pour la première fois la faculté de décider qui devait être chargé de l’entretien des routes départementales. Dans quelques départemens, elles ont été remises aux agens voyers ; dans d’autres, elles sont restées aux ingénieurs des ponts et chaussées, entre les mains de qui est passé parfois tout le service des chemins vicinaux. À part ces changemens peu nombreux que dictaient des influences locales, rien n’a été modifié dans la situation générale. Les réformes qui se discutent maintenant dans les conseils-généraux et dans les chambres au sujet des chemins vicinaux s’élèvent au-dessus de mesquines questions de personnes ; elles portent surtout sur deux projets très graves dont il est à propos de donner un aperçu.

Routes et chemins sont construits et entretenus aux frais de l’état, des départemens, des communes, qui y contribuent chacun à proportion de l’intérêt qu’il suppose y avoir. De là le classement de ces voies en catégories multiples. Faut-il conserver cette diversité d’attributions, ou ne peut-on la simplifier ? D’autre part, la prestation en nature est un impôt qui frappe le cultivateur ou l’usinier à proportion des ouvriers ou des chevaux qu’il occupe, et non pas à proportion de sa fortune acquise ou de son gain ; n’est-ce pas par conséquent un impôt mal réparti auquel il vaudrait mieux donner une assiette plus équitable ?

On a souvent parlé de déclasser les routes nationales. Depuis que les chemins de fer sillonnent tout le territoire, c’est par les voies ferrées, s’est-on dit, que s’opèrent tous les échanges à grande distance. La statistique en fournit la preuve. Tandis que l’industrie des transports a pris une si prodigieuse extension, la circulation sur les routes reste à peu près la même depuis trente ans, sauf que les routes parallèles aux chemins de fer perdent ce que gagnent les routes transversales. Cela même dénote qu’il ne s’y fait plus que des charrois à courte distance. L’interruption ou le mauvais état