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et l’exactitude dans cette administration, et ne crut pouvoir mieux faire pour cela que de la confier à des mains européennes. Sur le conseil de lord Elgin, un Anglais, M. Hart, fut placé en 1861 à la tête des douanes. Il est entouré d’un groupe nombreux d’Européens fort distingués, fort bien rétribués, recrutés parmi l’élément le plus actif des légations et des consulats, dont le personnel se trouve ainsi fort appauvri. Cette organisation fonctionne encore sous le même chef, qui est l’un des principaux personnages de la Chine officielle ; elle a donné lieu au début à toute sorte de récriminations de la part des négocians étrangers, gênés dans leurs habitudes ; elle est reconnue aujourd’hui comme excellente et peut donner une idée de la sagesse du gouvernement chinois, qui sait faire violence à sa haine des barbares toutes les fois qu’il y voit son avantage. Le tarif des droits fixes établis par le traité de 1860 est d’ailleurs très modéré et peut passer pour le moins protecteur du monde. Si on le compare avec le prix moyen auquel se vendent en Chine les objets sur lesquels il porte, on trouve que les droits représentent :


Pour l’opium 6 3/4 pour 100 de la valeur
Pour les cotonnades supérieures 6 7/10 —
Pour les cotonnades inférieures 1 7/10 —
— ou, suivant la qualité. 3 à 5 —
Pour les lainages supérieurs 3 à 5 1/2 —
Pour les lainages inférieurs 2 à 3 1/2 —
Pour les métaux 5 1/2 —
Pour le thé noir 11 4/10 —
Pour le thé vert 8 6/10 —
Pour la soie grège 2 8/10 —
Pour les allumettes 5 —
Pour l’horlogerie 5 —

En outre une série d’articles sont exempts de droits, quoique certains d’entre eux constituent une branche de commerce assez considérable. De ce nombre sont les denrées alimentaires destinées aux consommateurs européens, le tabac à fumer, les spiritueux, la parfumerie et la droguerie.

Une fois débarquées et retirées de la douane, les marchandises étrangères ne devraient plus acquitter, pour pénétrer dans l’intérieur, que le droit de transit stipulé par l’article 23 du traité. Moyennant le paiement de ce droit, toute marchandise de provenance européenne ou à destination d’un comptoir européen est affranchie en principe de toutes les taxes connues sous le nom de li-kin, exigées à chacune des barrières qui couvrent la Chine d’un réseau de douanes intérieures. Il fallait en effet assurer la liberté de circulation aux produits du commerce étranger et de l’industrie indigène, sans quoi l’ouverture des trade-ports n’eût été qu’une