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éclaircissemens trop sommaires sur les procédés de culture et l’emploi de ces récoltes dont vivent les deux pays. Le bibelot (puisqu’il faut l’appeler par son nom) envahit tout, déborde de toutes parts et enjambe audacieusement d’une section sur l’autre. Vous alliez chercher le Japon chez lui, la Chine chez elle ; vous vous retrouvez devant l’inévitable joujou confectionné à l’usage européen qui s’étale aujourd’hui à l’angle de tous nos boulevards, dans la montre de tous nos magasins.

Il ne pouvait guère en être autrement, après l’accueil fait aux produits du Japon tant à Vienne qu’à Philadelphie. Alléchés par le succès, les Japonais nous en ont envoyé de grosses cargaisons sorties des mêmes ateliers et enlevées d’ailleurs avec la même avidité. Les Chinois, à leur tour, gens à ne jamais négliger une bonne affaire, ont voulu disputer les chalands à leurs voisins. Les uns et les autres ont donc ouvert boutique au Champ de Mars. Escomptant habilement la satisfaction ingénue qu’éprouve l’acheteur à traiter directement avec un Fils du ciel ou un sujet du mikado, ils vendent au décuple de leur prix normal des objets qu’on trouverait presque sans exception et à des taux moins exorbitans chez nos grands entrepositaires parisiens.

Rien de plus légitime, et, puisque les Occidentaux s’arrachent ses ouvrages exotiques, l’extrême Orient fait bien de les leur faire payer le plus cher qu’il peut. Une pareille spéculation n’a même rien qui nous étonne de la part des Chinois, qui ne viennent pas nous demander notre admiration, dont ils n’ont cure, mais notre argent, dont ils font plus de cas, et s’entendent à merveille à exploiter la simplicité de l’amateur novice. Elle nous surprend davantage chez leurs concurrens japonais. On pouvait s’attendre à voir un gouvernement, jaloux de se concilier les sympathies de l’Europe, placer sous ses yeux, au lieu d’un comptoir forain, un résumé sincère de l’état de sa civilisation, des progrès réalisés ou essayés jusqu’à ce jour. En vérité l’occasion en valait la peine, et les exemples ne manquaient pas. Il faut bien nous passer de ce qu’on ne nous offre pas et nous contenter de regarder d’abord ce qu’on nous montre, sauf à chercher ensuite dans quelque coin dédaigné et à compléter au besoin avec nos souvenirs les renseignemens que nous eussions souhaités plus complets sur les produits agricoles, les ressources minérales, les méthodes anciennes et les nouveaux procédés industriels, en deux mots sur la richesse réelle et les récens progrès des pays qui vont nous occuper.


I

S’il pouvait arriver une bonne fortune aux exposans japonais, c’était assurément de se trouver placés côte à côte avec leurs