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IV.

En Afrique comme dans le Nouveau-Monde, comme en Australie, la puissance de la végétation est proportionnelle à l’abondance des pluies. La région comprise entre les tropiques, d’un Océan à l’autre, est arrosée chaque fois que le soleil passe au zénith, et soumise à l’empire des vents alises secs, dès qu’il s’en éloigne. La végétation y est vigoureuse ; les graminées ont une forme arborescente ; le pays est couvert de bois, de lacs immenses et sillonné de grands fleuves. — Au nord de cette région est le Sahara, vaste plateau de 480 mètres d’altitude, où soufflent sans obstacle les vents alises, où l’atmosphère, dépourvue de vapeurs, ne laisse jamais tomber de pluie, où les vallées profondes demeurent sèches, où le sol n’est formé que de dépôts arénacés sans humus, où l’œil n’aperçoit qu’un désert rocailleux sans terre végétale, et où n’apparaissent de temps à autre quelques oasis que là où les eaux souterraines sont assez rapprochées pour que les racines des palmiers puissent aller s’y abreuver.

L’Algérie est mieux partagée, car la chaîne de l’Atlas condense les vapeurs que contiennent les vents du nord et provoque des pluies qui malheureusement ne sont pas encore assez fréquentes au gré de nos colons. L’exposition de l’Algérie, contenue dans l’élégant pavillon que tout le monde à visité, comprend une très belle et très complète collection de bois dans laquelle on retrouve la plupart des essences de nos climats, les chênes, les frênes, les ormes, les châtaigniers, les noyers, les pins, etc. ; on y voit aussi le cèdre, l’arbre algérien par excellence, qui ne se rencontre que dans l’Atlas et dans les montagnes du Liban, phénomène assez difficile à concilier avec l’hypothèse de l’unité des centres de création. À cette collection est joint un catalogue détaillé, rédigé par M. Mangin, conservateur des forêts à Alger, qui fait connaître les ressources forestières de la colonie et dans lequel nous puiserons les détails qui suivent. D’après les derniers relevés, l’étendue des forêts algériennes est de 2,360,747 hectares ; elles forment deux bandes parallèles à la mer, réunies par les massifs qui s’étendent le long de la frontière tunisienne. Elles sont aujourd’hui reléguées dans le fond des vallées abruptes ou sur le sommet des montagnes, car les terrains accessibles ont été défrichés depuis longtemps ou livrés au pâturage. Plusieurs de ces forêts, peuplées de pins, de cèdres et de chênes zéens, sont fort belles ; d’autres, formées de chênes-lièges, sont destinées à devenir plus tard une des richesses de la colonie.

D’après la loi musulmane, les forêts étaient la propriété du beylick,