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le bois sur le parterre de la coupe, en le disposant en forme de meule qu’on recouvre d’une couche de terre et dans laquelle on met le feu ; la combustion s’opère lentement, lançant par divers soupiraux ménagés dans cette espèce de volcan des colonnes épaisses de fumée jaunâtre ; l’opération dure dix-huit jours et ne donne guère en charbon plus de 18 à 20 pour 100 du poids du bois employé. La faiblesse de ce rendement a depuis longtemps préoccupé les industriels comme les propriétaires de forêts, qui ont cherché à y remédier par l’emploi de procédés plus perfectionnés. La carbonisation en vase clos fournit un rendement bien supérieur et permet en outre de recueillir les gaz pyroligneux qui servent à la fabrication du goudron et de l’acide acétique ; mais ces appareils, établis à demeure fixe, exigent le transport à l’usine des bois employés et augmentent le plus souvent les frais au point de compenser et au-delà les bénéfices qu’ils procurent. Dans ces derniers temps, deux inventeurs, M. Moreau et M. Dromart, ont imaginé, chacun de son côté, des fours mobiles qui, pouvant être installés dans la forêt même, évitent le transport du bois, et qui, négligeant la récolte des gaz pyroligneux, n’ont pour objet que d’augmenter le rendement en charbon. Leur procédé, qui paraît être aujourd’hui entré dans la pratique, permet d’obtenir 25 pour 100 de charbon, ce qui est une augmentation de 30 pour 100 sur le rendement ordinaire. Ce charbon d’excellente qualité est, suivant la manière dont on conduit l’opération, rendu à volonté dur ou mou et propre à être employé soit dans la métallurgie, soit dans la cuisine. Il y a dans cette invention un progrès réel dont profiteront et les propriétaires de bois qui verront leurs revenus s’augmenter et les consommateurs qui se trouveront ainsi plus abondamment pourvus.

Le liège est le produit de la couche subéreuse qui recouvre l’écorce d’un chêne particulier dit chêne-liège, qu’on rencontre principalement en Algérie, en Espagne et dans le midi de la France. Jusqu’à l’âge de douze ans, l’arbre ne produit qu’un liège dur, coriace, irrégulier, dont on se sert seulement pour faire des bouées ou fabriquer le noir d’Espagne ; mais après l’enlèvement de cette première couche, qu’il faut pratiquer avec soin pour ne pas entamer le liber, il s’en forme de nouvelles qui, n’étant plus comprimées par l’épiderme, se développent régulièrement et donnent le liège avec lequel on fabrique les bouchons. Il faut dix années environ pour qu’elles aient atteint l’épaisseur désirable, et l’enlèvement peut se répéter tous les dix ans jusqu’à l’âge de cent cinquante ans. L’industrie de la fabrication des bouchons occupe en France une quarantaine de communes des départemens du Var et du Lot-et-Garonne. Autrefois cette fabrication se faisait à la main et ne rendait guère que 1,500 bouchons par jour et par ouvrier ;