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aujourd’hui, avec les machines, on arrive au chiffre de 5 à 6,000. La consommation des bouchons s’est accrue au point que les importations, qui en 1855 représentaient une valeur de 257,000 francs, ont atteint en 1876 le chiffre de 2,940,000 francs. Le montant des exportations n’est que de 570,000 francs.

Mentionnons enfin, parmi les produits ligneux qui figurent à l’exposition, de magnifiques échantillons d’érable et de frêne, qui, polis et imprégnés d’une substance colorante, ont l’aspect du marbre et peuvent rivaliser avec les plus beaux bois d’ébénisterie exotiques.


III.

Une question dont la solution aurait des conséquences considérables, et qui a depuis quelques années provoqué les investigations des esprits chercheurs, celle de la météorologie forestière, a donné lieu à des travaux qui ne pouvaient manquer de trouver place à l’exposition. Depuis fort longtemps déjà, puisqu’il en est fait mention dans Bernard de Palissy, on a signalé une certaine corrélation entre la présence des forêts et le climat d’une contrée. On avait cru s’apercevoir que le déboisement de certaines régions y avait amené des perturbations atmosphériques, accru les écarts de température, diminué la quantité de pluie tombée, et, comme conséquence, provoqué une certaine irrégularité dans le régime des cours d’eau; mais ces faits n’avaient pas été l’objet d’observations précises et directes, puisque ceux qui les signalaient n’avaient pu comparer l’état du climat à deux époques différentes, et qu’un long temps s’était souvent écoulé entre le moment où les forêts couvraient le sol et celui où elles avaient entièrement disparu. Un certain doute subsistait donc, sinon sur l’exactitude des faits signalés, du moins sur la cause qui les avait produits, et nombre de personnes, même parmi les plus autorisées, ont jusqu’aujourd’hui refusé de reconnaître aux forêts l’influence que l’opinion générale persiste à leur attribuer. Nous ne reviendrons pas sur les controverses qui se sont élevées à ce sujet, notamment lorsque, sous l’empire, on a agité la question d’aliéner toutes les forêts de l’état pour en employer le prix à l’exécution de grands travaux publics; mais nous rappellerons que c’est à partir de ce moment surtout qu’on a senti la nécessité de faire la lumière sur ce point, de pouvoir s’assurer d’une manière tangible de l’existence de phénomènes que beaucoup qualifiaient de conjectures, et de contrôler les raisonnemens théoriques par des expériences directes.

Les progrès réalisés par la météorologie dans ces dernières années facilitèrent ces études, et il était naturel, lorsque de toutes parts on établissait des stations peur étudier les mouvemens généraux