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expliqué par ces exemples de largesse l’extrême inégalité du prix de revient de l’éducation de chaque enfant dans les trente unions de Londres, prix qui varie de 16 livres 10 shillings (412 fr. 50 cent.) à 36 livres 16 shillings (920 francs) par an. Mais ce qu’il faut louer sans réserve, à quelque prix que ce résultat soit obtenu, ce sont les précautions prises pour maintenir les enfans dans un bon état de santé. Toutes ces écoles sont situées dans un air excellent; généralement sur une éminence, quelques-unes même, comme celle d’Anerley (North Surrey district school) en face du plus riant paysage. La ventilation des dortoirs, des salles d’école, des ateliers, est préparée avec un soin et assurée avec une énergie qui nous sont tout à fait inconnus en France. Les précautions les plus minutieuses y sont prises pour éviter la propagation des maladies contagieuses. Ce n’est pas en Angleterre qu’on laisse avec une déplorable incurie, comme dans nos hôpitaux français, les enfans se communiquer les uns aux autres des maladies souvent mortelles. Dans chaque école de district (comme aussi dans presque toutes les écoles séparées) un bâtiment spécial ou une salle distincte, qu’on appelle prohationnary ward, est affectée aux enfans qui arrivent du workhouse, et une sorte de quarantaine leur est imposée jusqu’à ce qu’on ait acquis la certitude qu’ils n’apportent pas avec eux le germe de maladies contagieuses. De plus, des précautions très ingénieuses sont prises dans les infirmeries mêmes pour arrêter le développement d’épidémies dont il faut toujours prévoir la naissance. C’est ainsi que dans l’école de Sutton (South Metropolitan district school) deux grandes salles ont été établies en dehors des bâtimens afin que des enfans atteints en grand nombre de la même maladie contagieuse puissent être soignés tous en même temps. Ajoutons que ces salles sont tout simplement en bois avec une couverture en tôle, ce qui permet de les brûler et de les reconstruire à peu de frais, le cas échéant, moyen très énergique assurément de désinfection. Ces mesures hygiéniques sont complétées par un grand développement donné dans l’éducation des enfans aux exercices gymnastiques (drill) auxquels on fait participer de plus en plus les jeunes filles. Les habitudes nationales de sport se retrouvent dans cette éducation ainsi que celle des ablutions à grandes eaux. J’ai vu dans ces écoles de grandes piscines d’eau froide où les enfans se baignent et où on leur apprend même à nager. En augmentant ainsi quelque peu leurs frais d’éducation, les administrations paroissiales estiment avec raison avoir fait œuvre d’économie bien entendue, car elles calculent qu’un individu vigoureux et sain de corps a moins de chances de retomber un jour à la charge de la paroisse.