Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 30.djvu/564

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générale de l’être, n’en sont pas moins distinctes, et possèdent une vie particulière qui leur est propre. Chacune sent, réagit autour d’elle, dans un rayon plus ou moins étendu. Sans dépasser la portée de l’observation, et sans aller jusqu’à prêter à la cellule certains attributs de l’être vivant, tels que l’activité autonomique, la perception, la conscience, on peut dire qu’elle a une sorte d’individualité par les caractères de sensibilité et de spontanéité qu’elle possède.

Passons des élémens aux organes eux-mêmes. Il est un autre résultat très important acquis à la science biologique par la méthode expérimentale : c’est la découverte des centres nerveux multiples, dont la théorie des actes réflexes n’est qu’une conséquence. Avant les expériences assez récentes sur lesquelles elle est fondée, on ne croyait guère à l’existence d’autres centres nerveux que le système cérébro-spinal et le grand sympathique. C’est par une expérimentation bien suivie qu’on est parvenu à établir qu’outre ces grands centres de sensibilité, il existe un très grand nombre de petits centres nerveux disséminés sur toute l’étendue des tissus organiques. Tous, ainsi que le montrent de nombreuses expériences, sont des centres d’actions et de réactions correspondantes, soit aux impressions du dehors, soit aux impulsions des organes cérébraux. Ces centres d’activité tantôt transmettent l’impulsion d’en haut aux muscles des organes extérieurs, tantôt réagissent directement et spontanément contre les impressions qui leur viennent d’en bas. Ils ne sont donc pas toujours les serviteurs des centres supérieurs ; ils peuvent agir de leur propre mouvement. C’est là le principe de ces phénomènes de pure réaction qu’on nomme improprement actes réflexes, et qui sont les mouvemens spontanés, soit des centres supérieurs, soit des centres moyens, soit des centres inférieurs, tous indépendans, dans certaines manifestations de leur activité, du centre suprême, siège unique de la conscience et de la volonté. Tout acte dit réflexe n’est ni volontaire ni même instinctif. On le dit spontané relativement aux centres supérieurs dont parfois il est indépendant ; mais, en réalité, comme il est provoqué par les excitans extérieurs, il n’a ni spontanéité volontaire ni spontanéité instinctive. Et s’il est vrai, ainsi que semblent le démontrer certaines expériences, qu’il existe, indépendamment des centres supérieurs, des centres nerveux capables d’activité instinctive, les actes qu’ils produisent se distinguent des mouvemens réflexes par leur caractère de spontanéité absolument indépendante de toute pression soit intérieure, soit extérieure. En un mot, l’acte réflexe proprement dit n’est qu’un mouvement de réaction provoquée par une impression du dehors. C’est un mode d’activité essentiellement