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est trop récente pour avoir pu produire des effets comparables à ceux qu’a donnés la loi de 1850. Cependant une remarquable activité a été déployée dans la formation des universités catholiques. Dès le mois d’octobre 1875, des facultés de droit étaient fondées à Angers, à Lyon, à Lille et à Paris. Ces deux dernières villes y joignaient immédiatement une faculté des lettres. L’année suivante, Paris et Lille se donnent une faculté des sciences, Angers une faculté des lettres ; Lille prend en outre une faculté de médecine. Enfin, en 1877, les cadres sont complétés partout : quatre universités catholiques, ayant le droit de délivrer des grades en déléguant des professeurs dans les jurys mixtes, sont établies. Une cinquième, celle de Toulouse, est en voie de formation.

Le nombre des élèves n’a pas suivi un accroissement moins rapide. Il y a un moyen assez sûr de compter le nombre des étudians : c’est de prendre le nombre des inscriptions, et, comme chaque étudiant prend généralement quatre inscriptions par an, de le diviser par quatre. En procédant ainsi, nous arrivons aux résultats suivans : le nombre des étudians dans les facultés catholiques était en 1875 de 294 ; l’année d’après il est monté à 466 ; en 1877 il était de 742. Il est instructif de mettre en regard le chiffre des inscriptions prises dans les facultés de l’état : les deux dernières années pour lesquelles nous ayons des informations sont 1875 et 1876 ; d’une année à l’autre, les inscriptions accusent un déficit de 460 élèves[1].

Si l’on songe qu’il s’agit de premières années où tout était encore à créer, on se convaincra combien est éloignée de la vérité l’opinion de ceux qui pensaient que la concurrence des facultés libres serait peu sérieuse. Mais les effets les plus fâcheux de la concurrence ne sont pas là : c’est l’importance exagérée que prend la préparation aux examens, c’est l’esprit de compétition et de défiance répandu à la longue dans la jeunesse, ce sont les germes de division jetés dans la société. La Belgique, ce pays qu’on citait dans la discussion à l’assemblée nationale comme un modèle à imiter, est un miroir où nous pouvons lire notre avenir. L’université catholique de Louvain fait une concurrence redoutable aux trois autres universités belges ; l’enseignement, sauf quelques honorables exceptions, est de côté et d’autre assez languissant ; mais les divisions

  1. Pour les seules inscriptions de droit, on observe depuis quatre ans la diminution suivante :
    1874-1875 19,223
    1875-1876 18,581
    1876-1877 17,423
    1877-1878 16,815


    Ce dernier chiffre n’a pas encore été contrôlé par les comptes financiers. (Statistique, page LI.)