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III

Après la spontanéité de l’être vivant, il n’est pas de caractère qui ait été plus contesté, plus dénaturé que son unité. C’est ici que la physiologie et la psychologie mécanistes ont fait leur plus grand effort pour montrer par une subtile analyse que l’unité de l’être vivant peut se résoudre en une unité collective, pure résultante du jeu des parties organiques. Nous n’avons point à chercher comment les psychologues de cette école, Bain, Herbert Spencer, Taine, ont essayé d’expliquer l’unité du moi par une pure association d’images et d’idées, produit elles-mêmes des mouvemens de la matière élémentaire. L’objet de cette étude étant le débat entre le mécanisme et le vitalisme, nous continuons à suivre M. Chauffard dans sa réfutation de la physiologie mécaniste. Les physiologistes de cette école n’ont pas laissé passer une seule occasion de faire intervenir l’autorité de l’expérience et de la science dans cette question de l’unité vitale, en invoquant tour à tour les théories scientifiques de la cellule vivante, de la multiplicité des centres nerveux et surtout de la diversité des organes cérébraux correspondant à la variété des fonctions psychiques. La psychologie spiritualiste a toujours maintenu avec la plus grande fermeté les droits de la conscience en face des explications qui prétendent en infirmer les enseignemens. Mais entre ces affirmations contradictoires, il reste toujours la difficulté pour les esprits habitués à l’analyse scientifique de comprendre ce qu’ils appellent une entité métaphysique. Il y a donc un véritable intérêt philosophique à chercher dans la science seule la solution de ce problème. C’est ce que fait l’école à laquelle appartient M. Chauffard. Elle laisse à la psychologie spiritualiste la tâche de démontrer l’unité de la personne humaine par l’observation des faits de conscience, et rappelle les adversaires de l’unité vivante à l’observation des phénomènes purement vitaux de la naissance, de la formation et de l’organisation des êtres vivans. Comment se produit la multiplication des cellules qui forment les élémens de l’organisme ? Par une véritable création de la cellule primordiale. Ce n’est donc point le simple jeu des unités cellulaires qui fait l’unité vitale ; c’est l’unité vitale, au contraire, qui est le principe de toutes ces unités. Pour soutenir la thèse opposée, il faut croire aux générations spontanées dont l’expérience a fait justice. L’activité réelle, mais nullement indépendante des cellules, s’explique suffisamment par leur origine. La cellule primitive les crée à son image ; elle leur communique les caractères d’unité et de spontanéité qui lui sont propres. Comment se produit la multiplicité