Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

symphonies de Beethoven, Haydn, Mozart, Schubert, Mendelssohn, Brahms et Wolkmann ; la Forêt de Raff ; des ouvertures de Beethoven, Mendelssohn, Cherubini ; le Manfred de Schumann, le Sardanapale de Bœhme, Pierre-Obin d’Oscar Wolk, le Prométhée de Liszt, des cantates avec chœurs de Max Bruch, des mélodies norvégiennes de Svendsen, le ballet des Sylphes de Berlioz, la Danse macabre de Saint-Saëns, etc., sans parler des morceaux exécutés par des solistes. Avec la série des vingt-deux concerts donnés par abonnement au Gewandhaus, et plusieurs séances de musique sacrée, cette saison d’hiver présente un total de soixante-dix concerts. Ajoutez-y la musique religieuse qui, dans cette même ville de Leipzig, n’est pas moins dignement représentée. C’est surtout à l’église Saint-Thomas, où Bach fut pendant vingt-sept ans organiste, qu’on s’attache à conserver dans leur pureté les nobles traditions d’un art dont il a été le plus éloquent initiateur. Là, chaque dimanche au moins, l’orgue et les chœurs redisent avec un soin respectueux et une rare perfection quelques-unes de ses innombrables productions, messes, psaumes ou cantates, inspirations austères et grandioses dans lesquelles, sous l’apparente uniformité du style fugué, se cachent des merveilles d’invention, de science et de sentiment. Combien, parmi les meilleurs, sont venus puiser à cette source abondante et pure ! Mozart d’abord, qui, arrivé à l’apogée de sa gloire, s’écriait en entendant pour la première fois un motet de Bach : « Grâces au ciel ! voilà du nouveau, et je trouve là quelque chose à apprendre ; » puis Beethoven qui, nourri de cette moelle, proclamait hautement tout ce qu’il devait à Bach et professait pour lui un véritable culte. Après eux, c’est Mendelssohn, c’est Schumann et bien d’autres encore qui, à leur exemple, sont venus demander au maître d’Eisenach le secret de ses fortes ordonnances, de cette simplicité constante qu’il a dans la grandeur, et de la clarté qu’il garde à travers les combinaisons les plus complexes.

Mais ce n’est pas à Leipzig seulement, c’est dans toute l’Allemagne que la musique religieuse est en honneur. Le culte protestant, après avoir trouvé en elle un puissant auxiliaire au moment de la réforme, s’est attaché à lui maintenir son caractère élevé et sérieux. A côté des temples, les églises catholiques à Cologne, à Dresde, à Munich, soutiennent dignement la comparaison, et plus d’une fois nous avons pu apprécier le talent avec lequel leurs maîtrises exécutent des compositions sacrées et des messes de Palestrina, Pergolèse, Haydn ou Mozart.

Nous ne saurions entrer dans le détail des sociétés établies en Allemagne pour l’exécution des grandes œuvres symphoniques ou vocales. Toutes les villes de quelque importance étant très