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C’est donc à Poissy qu’il faut nous transporter si nous voulons trouver quelque part une tentative d’organisation spéciale pour les jeunes adultes. En différant si longtemps cette visite, je crains d’avoir fait naître chez ânes lecteurs l’espérance que j’allais enfin leur montrer une institution dont je n’aurais qu’à signaler les résultats satisfaisans. S’il en était ainsi, j’aurais encore quelques illusions à leur enlever. Ce n’est pas qu’il y ait rien à critiquer dans l’installation matérielle du quartier des jeunes adultes de Poissy. Ce quartier, qui peut contenir cinquante détenus, occupe une portion distincte des vastes bâtimens de la maison centrale. Les détenus ont leur atelier, leur salle d’école, leur réfectoire, leur préau distincts. La nuit, ils couchent séparément dans des cellules qui sont suffisamment spacieuses et aérées. La séparation d’avec la portion de la maison affectée aux adultes et qu’on appelle le Grand-Quartier est donc aussi complète que possible. Il n’y a qu’une chose à regretter, c’est que les dimensions de ce quartier soient trop exiguës. Le chiffre des jeunes adultes qui sont envoyés à la maison centrale de Poissy, de Paris et des départemens environnans est si considérable qu’on est toujours obligé de laisser un certain nombre d’entre eux dans le Grand-Quartier. Aussi le directeur s’occupe-t-il d’en ouvrir un second où il voudrait même admettre dans certains cas les détenus âgés de plus de vingt et un ans, que la petitesse de leur taille et le retard de leur développement signalent à l’attention dans les préaux. Ce sera encore un progrès, et il est à désirer que sa consciencieuse activité puisse mener ce projet à bonne fin.

Rien à dire non plus contre le régime auquel les jeunes adultes sont soumis. Le directeur, malgré les occupations multiples dont il est surchargé, l’aumônier et l’instituteur qui, dans toute maison centrale, représentent principalement l’influence morale, y consacrent tous leurs soins. Les antécédens de chaque détenu, les motifs qui ont amené sa condamnation sont soigneusement étudiés à l’aide de la notice individuelle qui, d’après une circulaire ministérielle, doit être rédigée par le parquet après la condamnation et accompagner le détenu dans tous ses transferts. Il est regrettable que le parquet de Paris, dont les membres sont, il est vrai, trop peu nombreux pour leur tâche écrasante, soit de tous les parquets de là circonscription le seul qui ne se conforme pas aux prescriptions de cette circulaire et qui n’envoie jamais ces notices, cependant indispensables. Chaque jeune adulte a (comme au reste les détenus du Grand-Quartier) son bulletin de statistique morale où sont exactement portés les punitions qu’il encourt, les récompenses qu’il obtient et tous les événemens de sa vie pénitentiaire. Tous vont régulièrement et pendant plusieurs heures par jour à l’école ; leur