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on trouve le chimbera, sorte de pois dont les indigènes se montrent également très friands, le pois chiche, la petite fève, le haricot blanc et de couleur, le dourrah, le maïs, qui atteint un beau développement. Peu de lin, à cause des soins qu’il exige ; en revanche le coton est bien cultivé, il est vrai qu’on n’a pas besoin de l’arroser comme en Égypte : on le file et on le tisse à la main et l’on en fait de très bonnes toiles ; c’est une des industries du pays. La canne à sucre est cultivée également, mais en petite quantité, et l’on n’en tire aucun parti industriel. Le sésame, le safran réussissent fort bien ; l’indigo vient naturellement, le sol en est couvert ; le ricin, même sans culture, est bien plus puissant qu’en Égypte. Une foule d’arbres fruitiers, le pêcher, le grenadier, le prunier, se rencontrent à l’état sauvage ; les citronniers, les orangers, donnent des fruits énormes, succulens et parfumés ; les cédrats sont tout particulièrement exquis, on les mange crus comme des melons ; seul le bananier est l’objet de quelques soins. Le piment rouge, le poivre rouge ou berberi, l’ail, l’oignon, le cardamome, le gingembre, une foule d’épices et de plantes aromatiques sont les produits naturels du pays. Quant à la vigne, on la trouve un peu partout, à l’état sauvage, et, si naguère elle fut l’objet d’une culture suivie, car beaucoup de voyageurs, Sait, Lefèvre, Tamisier, ont parlé du vin d’Ethiopie, il semble que la tradition s’en soit perdue ; du moins M. Arnoux, pendant son séjour au Choa, n’a-t-il eu jamais l’occasion de voir du vin ni d’en goûter ; il n’est pas douteux cependant que la vigne ne puisse donner sous ce climat des résultats magnifiques.

Mais le principal élément de richesse que possède l’Ethiopie, c’est le café. Le caféier est cultivé dans le pays d’Harrar, au sud-ouest du Choa, où les habitans le sèment grain à grain dans un terrain parfaitement fumé et arrosé ; mais dans les pays gallas, à Kaffa, dans le Gouragué, cet arbuste naît et grandit naturellement au milieu des forêts ; quand il est arrivé à une certaine hauteur, on le soigne et on en recueille les fruits, qui trop souvent moisissent dans les dépôts faute de débouchés. L’étendue de ces pays est immense, et il est malaisé d’apprécier de prime abord la quantité de café que le commerce en pourrait tirer ; pourtant l’exportation se chiffre déjà par plusieurs centaines de mille de kilogrammes annuels ; d’autre part la qualité est bien supérieure à celle des cafés de Moka : on sait aujourd’hui que le nom même de la précieuse fève vient de Kaffa, son vrai lieu d’origine. M. Arnoux a vu des caféiers dans l’Argoba ; les arbustes, très mal soignés du reste, atteignaient une hauteur de 3 mètres et plus, ils étaient tout chargés de ces baies rouges qui enferment le grain et qui les faisaient ressembler à des cerisiers sauvages.