Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/662

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au ministre de la police, sur l’ordre exprès du roi, la pétition de cette dame, il écrivait cette phrase significative : « Cette veuve d’un officier général qui a donné des preuves de dévoûment à la cause du roi. »

Enfin, pour clore l’énumération de toutes ces pièces par un témoignage absolument décisif, nous citerons une lettre que l’amiral commandant en chef la flotte anglaise dans la Méditerranée, lord Exmouth, adressa, sur la demande de la veuve Guidal, au roi lui-même. Voici cette lettre, dont l’original est aux archives :

« L’amiral lord Exmouth, commandant en chef la flotte de sa majesté britannique dans la Méditerranée, ose croire qu’il est de son devoir de mettre sous les yeux de sa majesté les faits suivans :

« Qu’un officier du rang de major général, appelé Joseph Guidal, fut employé par le prédécesseur du soussigné, l’amiral sir Charles Cotton, du service de la famille royale de France, et fut recommandé par le vice-amiral sir Charles Cotton comme digne de la confiance la plus entière, pour être chargé de la correspondance entre le parti royaliste dans le midi de la France et la flotte anglaise devant Toulon, et pour porter diverses instructions aux partisans du roi ; qu’il fut employé dans le même objet pendant toute la durée du commandement du soussigné dans les années 1811, 1812, jusqu’à ce qu’il fut tué à Paris avec plusieurs autres personnes qui avaient formé le projet de renverser le gouvernement de Bonaparte pendant son absence, lorsqu’il se trouvait en Russie ; que, pendant tout ce temps-là, le général Guidal n’avait jamais reçu aucune récompense en argent de la part de lord Exmouth et de son prédécesseur ; que le soussigné a appris depuis son arrivée à Marseille que la veuve du général Guidal était dans un état de détresse et sans aucun moyen de subsistance, qu’elle avait deux fils, l’aîné, Joseph Guidal, âgé de vingt et un ans, servait comme officier dans le premier régiment du roi, et le second, Paul Guidal, âgé de quinze ans, était au collège de Montpellier, où il n’était secouru que par l’assistance de quelques amis du général, et que son entretien était pour sa mère une charge pénible. Le général lord Exmouth déclare en outre qu’il a toujours considéré le général Guidal comme méritant d’obtenir une récompense considérable, due à un sujet fidèle et attaché à son roi, récompense qu’il aurait sans doute obtenue s’il eût vécu. C’est sur ces motifs que lord Exmouth ose mettre sous les yeux de sa majesté la situation déplorable de Mme Guidal et de ses enfans, situation attestée par des personnes recommandables. Signé : Exmouth, amiral commandant en chef. »

Il était difficile de contester la valeur d’une affirmation venue de si haut ; on a trouvé plus simple de la négliger, comme on avait