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gouvernement royal avait aliénée pour pouvoir servir l’intérêt des rentes constituées par lui à l’Hôtel de Ville de Paris. Le conseil de la régente consentait à ce que le clergé fît recouvrer les deniers à payer chaque année par ses propres commis et députés et qu’il en fît l’emploi pour ledit rachat, en présence de certains bons personnages nommés par le roi pour y assister. Après bien des pourparlers, les représentans du corps ecclésiastique consentirent à fournir pendant six années une allocation annuelle de 1,600,000 livres ; c’était là, disaient-ils, leur dernier mot, et si sa majesté refusait de se contenter de leur offre, elle n’avait qu’à aviser au mieux ; mais, à quelque détermination qu’elle s’arrêtât, elle devait toujours assurer aux ecclésiastiques la jouissance du bien de l’église et de leurs libertés, et que, s’il arrivait que les huguenots troublassent les bénéficiers en cette jouissance, le dommage qui en résulterait pour eux entrerait en déduction de la somme due par le clergé. Le gouvernement royal avait espéré beaucoup plus, et Catherine de Médicis en particulier trouvait cette subvention bien modique ; le chancelier de L’Hôpital l’engageait à n’y point souscrire ; mais le roi de Navarre et le prince de Condé, qui cherchaient à se faire des partisans dans le clergé, déterminèrent la reine mère à accepter la transaction. Un contrat fut en conséquence passé entre la couronne et le clergé, où étaient portées les conditions qui viennent d’être énoncées ; il fut signé à Saint-Germain-en-Laye le 21 octobre 1561. L’acte contenait vingt-deux articles, et il y était dit que, faute d’exécution de toutes les clauses, le clergé ne serait point tenu de fournir l’annuité. Les articles du contrat n’étaient pas seulement relatifs au montant de la dette et au mode suivant lequel elle serait acquittée ; ils stipulaient encore d’autres conditions qui étaient précisément celles auxquelles le clergé tenait le plus. Effrayés des progrès des nouvelles doctrines religieuses et redoutant quelque concession du gouvernement royal aux réformés, les prélats et les ecclésiastiques assemblés à Poissy avaient profité de l’occasion que leur offrait la demande de subsides pour faire prendre au roi l’engagement de défendre la foi orthodoxe. Il était dit dans le contrat que la religion catholique, apostolique et romaine serait conservée dans tout le royaume, que les ecclésiastiques seraient maintenus en la paisible jouissance de leurs églises, que les bénéficiers dont les biens auraient été ravis sous prétexte de la religion seraient déchargés de la quote-part à laquelle ils se trouveraient imposés pour la subvention, au prorata de la valeur des spoliations, que durant le temps que les gens d’église contribueraient à la subvention par eux accordée ils ne seraient imposés à aucuns autres décimes ou emprunts particuliers. Cette contribution, aux termes du contrat, tous les