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membres du clergé la devaient supporter proportionnellement, les réguliers comme les séculiers, même les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, habituellement désignés sous le nom de Rhodiens ; il n’y avait d’exemption que pour les hôpitaux.

On se hâta de faire le département de l’impôt consenti. Les receveurs généraux du clergé, Antoine et Claude Camus et leurs délégués, en opérèrent la levée, dont ils rendirent compte à la chambre des comptes. Les deniers payés durent être spécialement affectés au service des rentes de l’Hôtel de Ville. Le gouvernement sortit ainsi de l’embarras où le mettaient les justes réclamations de la municipalité parisienne, car les rentiers, qui ne touchaient pas leur quartier, se plaignaient très haut et reprochaient au roi d’avoir trompé leur confiance. Le clergé se trouva, par le contrat de Poissy, subrogé à la couronne comme débiteur, et si les rentiers n’étaient pas payés, ce ne serait plus au monarque, mais au corps ecclésiastique qu’ils auraient à s’en prendre. Toutefois, le clergé n’entendit pas les choses de la sorte. C’était, objecta-t-il dans la suite, non à la ville de Paris, mais au roi qu’il avait accordé un subside. Celui-ci avait pu en faire l’usage que bon lui semblait et l’affecter au paiement des rentes de la ville ; il n’avait pas pour cela constitué le corps ecclésiastique débiteur de la municipalité parisienne. Voilà ce que répétèrent plusieurs fois les assemblées du clergé pressées de venir au secours des rentiers, qui n’avaient rien reçu du gouvernement, entre les mains duquel les décimes levés prenaient souvent une autre destination. Ce fut là une cause de discussion et de troubles sur laquelle j’aurai plusieurs fois à revenir dans le cours de ce travail. Il y eut même des assemblées subséquentes qui allèrent jusqu’à contester qu’une réunion comme celle de Poissy eût pu engager d’aucune façon l’église envers la ville de Paris ; elles se fondaient sur ce que cette réunion n’avait nullement le caractère d’une assemblée chargée des intérêts temporels du clergé, le colloque ayant été simplement convoqué pour statuer sur des questions d’ordre spirituel ; il s’y rencontrait des docteurs, des théologiens éminens sans doute, mais non des mandataires des bénéficiera munis des procurations nécessaires. Toutefois ces dissentimens entre la couronne et le clergé sur l’interprétation du contrat de Poissy ne se produisirent que bien plus tard, car le conseil du roi n’eut garde de soulever dès le principe la difficulté ; il avait trop hâte d’encaisser la somme que l’ordre ecclésiastique s’engageait à fournir. Malheureusement, la subvention fut en grande partie détournée de la destination stipulée. Le gouvernement avait vu dans le don fait à Poissy simplement un moyen d’obtenir de l’argent. Il fut entraîné à l’appliquer à divers besoins urgens. Loin de