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elle se trouvait. Elle insistait sur la triste position des rentiers, sur l’émotion que causait dans la capitale la suspension du paiement des arrérages ; elle demandait au clergé d’en assurer le paiement par la concession d’une contribution supérieure à celle qu’impliquait le contrat de Poissy. Les députés étaient effrayés de la voie dans laquelle allaient les entraîner ces demandes croissantes du roi ; toutefois, après avoir entendu leur président et mis la question en délibéré, ils se résignèrent à un nouveau sacrifice ; mais ils n’accordèrent pas tout ce qui était demandé. Ils ne voulurent s’obliger envers la ville de Paris que pour une somme de 750,000 livres. Le gouvernement royal objectait à cette nouvelle concession que, les frais de perception et les charges particulières défalqués, la subvention ne lui produirait qu’une centaine de mille livres, somme tout à fait insuffisante à ses besoins les plus immédiats ; il réclamait en conséquence du clergé en plus 360,000 livres, une fois payées.

L’assemblée comprit qu’elle ne pouvait échapper à un accroissement de contributions ; mais elle ne voulait pas que cet accroissement portât sur les décimes annuels à payer en vertu du renouvellement du contrat de Poissy, et comme les créances de l’Hôtel de Ville pressaient, elle se montra disposée à faire un emprunt plutôt que d’aliéner des biens ecclésiastiques. Il y eut de longs pourparlers entre les commissaires du roi et les députés. Enfin l’assemblée céda et consentit à s’obliger envers le prévôt des marchands et les échevins de Paris à payer à cette ville, en l’acquit du roi, 630,000 livres par an, de façon à servir les rentes que celui-ci avait constituées sur ses domaines mêmes et à racheter, en dix années, un principal qui montait à environ 7,560,500 livres ; ce pourquoi le clergé s’imposerait à une somme annuelle de 1,300,000 livres par an pendant ce laps de temps. La subvention était certes considérable pour la fortune d’alors ; mais, à l’expiration des dix années, quoique les 1,300,000 livres eussent été régulièrement payées, que le gouvernement eût tiré en 1574 2 millions de livres de décimes, qu’il eût obtenu d’une petite réunion d’évêques, que le clergé désavoua plus tard, de nouvelles constitutions de rentes sur celui-ci, le roi ne s’était pas libéré envers la ville de Paris. Le surplus de la somme de 630,000 livres, qui devait servir au rachat des sorts principaux de ces rentes, avait été assuré par la couronne à l’Hôtel de Ville comme un fonds fixe annuel et perpétuel qui devait lui être fait par le clergé. Le roi se trouvait ainsi débiteur envers la municipalité parisienne du capital de 130,000 livres de rente. Il fallut donc s’adresser une fois de plus au clergé, et c’est ce qui amena la convocation de l’assemblée de Melun, dont j’ai rappelé plus haut l’attitude énergique en présence d’Henri III, Les députés de cette